Un livre sur la vie du martyr Bouzidi Mohamed sera édité incessamment par un de ses fils. C'est un ensemble de révélations fracassantes sur les agissements du groupe dit d'Oujda qui a, selon l'auteur, organisé l'assassinat de ce héros de la révolution au Maroc. La sortie de ce document fera tache d'huile. C'est à travers la vie héroïque du martyr Bouzidi Mohamed Ould Lahcene, plus connu sous le nom de Agb Allil, nommé par Larbi Ben Mhidi, premier chef du 5e secteur de la zone de l'oranie, qu'une partie de l'histoire de la révolution a été mise à nue par un livre devant paraître incessamment. Ecrit par Lahcene Bouzidi, un des fils de ce martyr, cet ouvrage construit autour de nombreux témoignages de survivants de cette période historique de l'Algérie qui ont côtoyé et connu le héros, né en 1918 à Tamaksalt, commune de Sabra, wilaya de Tlemcen, retrace les moments les plus durs de la révolution, mais aussi les plus méconnues. Comme celles du groupe dit d'Oujda, composé de dirigeants de la révolution de la région de l'Ouest qui se sont réfugiés dans cette ville marocaine frontalière avec l'Algérie, pour fuir la répression coloniale. L'ouvrage a la particularité de s'attarder longtemps sur ce chapitre, pour expliquer comment le héros a été liquidé physiquement par le groupe d'Oujda pour avoir refusé de se plier à ses décisions. Ainsi, l'auteur affirme qu'après le déplacement de la direction de la révolution de l'Ouest vers Oujda, « d'une manière surprenante et étrange, Agb Allil était le premier à s'être opposé à cette décision douteuse prise par Abdelhafid Boussouf, et Houari Boumediène, alors membres de la direction du groupe. Il ne cessait de leur exiger le retour vers le pays où se déroulait la révolution, d'autant que ce groupe faisait partie de son aile militaire qui était l'ALN, et non pas de son aile politique qui était le FLN ». Il explique que les relations entre le combattant et la direction du groupe se sont détériorées au point où elles se sont transformées en véritable dissidence notamment, et ce, après que « les membres du groupe ont commencé à dépenser l'argent de la révolution dans des achats de biens immobiliers personnels, des voitures, des bureaux et autres biens servant à la vie civile. Les relations entre la direction du groupe d'Oujda et Agb Allil se sont sérieusement détériorées et ont pris la tournure d'une crise après qu'Abdelhafid Boussouf lui eut transmis une lettre, dans laquelle il l'informe que la direction de la révolution installée à Oujda a décidé que, dorénavant, c'est à elle que revenait la préparation de toutes les opérations militaires menées par les moudjahidine, le choix des cibles et le moment du passage à l'action ». A cette lettre, ajoute l'auteur, Agb Allil a répondu d'une manière « violente et brutale » pour exprimer son refus en disant : « Si vous êtes capables de préparer et d'organiser les opérations militaires à partir de l'étranger, plus précisément d'Oujda, alors venez les exécuter vous-mêmes sur place. Pour ma part, je n'attendrai pas vos ordres douteux pour mener ces batailles, parce que les moudjahidine sont les seuls à même de savoir ce qu'ils doivent faire contre l'armée coloniale (...). Depuis, Agb Allil s'est consacré au sacrifice pour son pays et le groupe d'Oujda ne faisait que comploter pour préparer la mainmise sur le pouvoir après l'indépendance (...). Devenu gênant, notamment depuis qu'il a envoyé une lettre à Benkhadda, président du GPRA, mais qui n'est pas arrivée à destination après avoir été interceptée par le groupe. Ce dernier, le convoque à une réunion à l'intérieur de la maison de son plus proche ami. Il accepte, et une fois sur les lieux, il a été tué avec ses accompagnateurs (...). Il sera déclaré disparu à Béchar, et ce n'est qu'après l'indépendance que son corps a été rapatrié du Maroc pour être enterré en Algérie. En 1995, il a été transféré à AI Alia pour être inhumé au carré des martyrs, et, en 1999, décoré à titre posthume... ». Ces événements sont révélés pour la première fois pour lever le voile sur cette partie de l'histoire encore méconnue. Le livre sera certainement un document intéressant pour les historiens. Agb Allil n'est qu'un héros parmi tant d'autres ayant marqué la révolution. Membre du Parti du peuple algérien (PPA) et de son organisation secrète (OS), il a été désigné par Ben Mhidi pour diriger le 5e secteur pour l'Ouest de 1954 à 1957. Il a mené de grandes batailles, parmi lesquelles l'embuscade de Had Enmar, en avril 1955, dans la région de Moutas, qui a fait 15 morts dans les rangs des militaires français ; l'embuscade de Berbata contre un autre convoi militaire, le 22 juin 1956, à Sabra, qui a fait 21 morts ; la bataille de Rha, en juillet 1956, qui a duré deux longues journées avant de se terminer par la mort de 400 soldats et plus d'une vingtaines de moudjahidine ; la bataille de Aïn Lbane, du 13 août 1956, où le héros a été blessé alors qu'il tentait de protéger un journaliste égyptien de la revue Akhar Saâ, devenu témoin oculaire des rudes combats entre les membres de l'ALN et l'armée coloniale. Tous ces faits d'armes ont été racontés avec force détails pour illustrer la grandeur et le courage de ce martyr.