Il se trouve que des patronymes, pour avoir marqué fortement la mémoire, renvoient d'une manière systématique à une référence... Il en est ainsi pour le nom Boufenara dans l'héroïque Wilaya II, voire la zone autonome de Constantine. Dès lors, son évocation s'identifie à l'idée de la révolution et de la résistance durant l'épopée glorieuse de la guerre de Libération nationale 1954 - 1962. Ces cas de figure ne sauraient être l'apanage exclusif des Boufenara, bien entendu. Durant la guerre de libération des lieux, des entités ont fait corps à la lutte armée aux quatre coins du polygone étoilé, s'il en est… Il reste que le cas des Boufenara est pédagogique à plus d'un titre, pour peu qu'on décrypte les itinéraires dégoulinant de gloire et de hauts faits d'armes des membres d'une famille qui n'a jamais cessé de s'illustrer sous l'intitulé du sacrifice au service de la nation. Ils seraient plus d'une vingtaine de chouhada tombés au champ d'honneur, selon des sources crédibles. Ceux qui ont connu la reconnaissance post-mortem resteront les valeureux fidayine opérant à Constantine et répondant aux prénoms quasi mythiques de Mohamed, Lazghed et Seghir. La mémoire collective de la génération passée est fière de cet acquis précieux légué par la lutte armée. La culture de l'oralité a perpétué jusque-là le souvenir du sacrifice. Il demeure que les témoins de l'épopée perlée d'héroïsme et de sacrifices sont en train de s'éteindre au fil des années. Pour que l'histoire, la grande, ne se meuve pas en histoires, il convient de graver sur le marbre le nom de cette saga révolutionnaire. Les générations des Boufenara qui arrivent au soleil de l'indépendance nourrissent des craintes quant à l'œuvre perfide de l'oubli. Cette même génération souhaite qu'un hommage soit rendu à leurs parents à travers une « baptisation » au nom de leur famille d'une cité de la ville de Constantine, qui a servi de réceptacle à cette poignée de héros ensevelis dans l'anonymat. Ce serait rendre justice à ces oubliés de la gloire qui ont irrigué de leur sang la terre généreuse de l'Algérie.