En attendant le scrutin présidentiel, Ahmed Qoreï a hérité du poste de responsable des services de sécurité palestiniens, qu'il n'a cessé de réclamer du vivant de Yasser Arafat. Après avoir donné une leçon de démocratie lors de l'opération de répartition des fonctions qui étaient l'apanage du président défunt, les dirigeants palestiniens s'organisent pour achever le processus par l'élection d'un successeur à Arafat à la Mouqataa. Si la date du déroulement du scrutin est aujourd'hui connue, l'heure est maintenant au règlement de la question des candidats à la présidence de l'autorité palestinienne. Alors que Mahmoud Abbas est le favori du Fatah, bien qu'il ne se soit pas encore porté candidat, Marwane al-Barghouti n'a, quant à lui, pas caché son intérêt pour le poste. En effet, par la voix de son épouse, le chef du Fatah en Cisjordanie, actuellement en détention à perpétuité en Israël, qui le considère comme le déclencheur de la seconde Intifadha en septembre 2001, a clairement affiché ses ambitions. Mais tout porte à croire que le choix se portera sur Mahmoud Abbas, compagnon de combat du nouveau patron du Fatah. Farouk Kaddoumi, qui n'a pas hésité dimanche dernier sur la chaîne de télévision Al-Arabiya à louer les qualités de Abou Mazen, semble avoir d'ores et déjà choisi son camp. Bien que connu pour ses positions radicales tout autant que Farouk Kaddoumi, seul dirigeant à refuser jusqu'à maintenant les accords israélo-palestiniens d'Oslo en 1993, Marwane Barghouti ne bénéficie pas de suffisamment de soutien au sein du Fatah et de l'OLP pour espérer concurrencer Mahmoud Abbas. Il y a lieu de signaler que ce dernier a vécu des moments de frayeur dimanche dernier à Gaza, lorsqu'une fusillade a éclaté sous la tente où il se trouvait pour recevoir, au nom de l'OLP, les condoléances des différents mouvements palestiniens suite au décès de Yasser Arafat. Abou Mazen s'est vite empressé de mettre l'incident sur le compte des frictions entre les factions palestiniennes, plutôt que de parler d'une tentative d'assassinat, comme cela a été rapporté par certains médias. Selon Nabil Chaath, le chef de la diplomatie palestinienne, il existe déjà un consensus au sein du Fatah sur la candidature de Mahmoud Abbas. L'attribution du poste de responsable des services de sécurité palestiniens au premier ministre Ahmed Qoreï est un signe supplémentaire de la nouvelle direction palestinienne en direction de Washington, qui faisait de cette question en accord avec Tel-Aviv un préalable pour la reprise des négociations de paix. Côté israélien, Ariel Sharon aurait accepté de laisser, pour la première fois, les 228 000 Palestiniens de Jérusalem-Est participer à l'élection du prochain président de l'autorité palestinienne. Il serait même disposé à répondre par l'affirmative à une requête américaine visant à évacuer les territoires palestiniens pour faciliter le déroulement de la consultation électorale. S'agit-il là de signes précurseurs de l'entame de négociations israélo-palestiniennes directes dans le cadre de la “feuille de route” du quartette international ? Difficile de se prononcer, tant le patron du Likoud s'est illustré, par le passé, par ses revirements spectaculaires, confirmant à chaque fois sa mauvaise foi. George Bush a, quant à lui, de nouveau fait montre de son manque d'empressement à voir un Etat palestinien se créer, reportant la probabilité de cette échéance à 2009, soit à l'expiration de son mandat. Paris ne confirme pas l'empoisonnement du Raïs Le ministre français de la Santé, Philippe Douste-Blazy, interrogé dimanche dernier sur la radio juive Radio J, a affirmé que “rien ne porte à penser qu'il y a eu empoisonnement” du président palestinien Yasser Arafat, décédé le 11 novembre dans un hôpital près de Paris. “Tout sur le plan médical, scientifique et technologique a été fait en termes d'actes médicaux et de traitement, et rien ne porte à penser qu'il y a eu empoisonnement” de Yasser Arafat, a indiqué M. Douste-Blazy, interrogé sur la “rumeur d'empoisonnement” du chef palestinien. “Mais c'est la famille et uniquement la famille qui a eu accès à l'ensemble du dossier médical, et l'équipe médicale de Percy à Clamart a montré évidemment en temps réel et en résumé le dossier à la famille”, a souligné le ministre. Leïla Chahid, déléguée générale de Palestine en France, avait déclaré dimanche dernier au matin sur la radio privée Europe 1 qu'il était “tout à fait possible” que le président palestinien ait été empoisonné. S'exprimait pour la première fois depuis le décès du leader palestinien, Leïla Chahid avait déclaré : “C'est tout à fait possible qu'ils l'aient empoisonné puisqu'ils en ont empoisonné d'autres. Je ne peux pas vous dire que, médicalement, nous en ayons les preuves.” “Les médecins n'ont pas démenti. Il n'y a pas de preuves de toxines particulières mais il y a des toxines qu'on ne retrouve pas dans les corps des malades”, a dit Leïla Chahid. “ça reste quelque chose qui accompagnera la légende du président Arafat.” Mme Chahid a souligné que, pour les Palestiniens, la thèse de l'empoisonnement “n'est pas seulement une rumeur”. “C'est une conviction profonde, très logique. Les Israéliens ont essayé de se débarrasser de Yasser Arafat depuis l'arrivée de Sharon au pouvoir”, a-t-elle rappelé. K. A.