Le rôle de l'agriculture africaine dans le développement économique et la lutte contre la pauvreté est l'enjeu auquel s'intéresseront des experts, des représentants d'organisations d'agriculteurs, du secteur privé et d'ONG de développement, lors d'une rencontre organisée à Rome en Italie aujourd'hui et demain par l'OCDE, la Banque mondiale et deux agences spécialisées des Nations unies, le Fonds international de développement agricole (FIDA) et l'Organisation pour l'alimentation et l'agriculture (FAO). Sous les auspices du Ministère italien de l'Economie et des Finances, les participants au Forum mondial sur le développement de l'agriculture et la réduction de la pauvreté en Afrique évoqueront ainsi le rôle de l'agriculture dans le développement économique et la réduction de la pauvreté, les perspectives d'évolution des marchés, ainsi que l'impact des réformes intérieures et de l'aide internationale.Le Forum s'inscrit dans le prolongement de la dernière édition du Rapport sur le développement dans le monde, rendu public le 19 octobre 2007 par la Banque mondiale, qui préconise d'investir davantage dans l'agriculture des pays en développement. Selon ce rapport, il serait possible de faire reculer la pauvreté dans les zones rurales en incitant les agriculteurs à diversifier leur production au profit de filières à forte valeur ajoutée : horticulture, volaille, pisciculture et produits laitiers. Il est également recommandé d'axer plus d'investissements sur la gestion des sols et de l'eau pour accroître la productivité des cultures de base et améliorer ainsi les conditions de vie des agriculteurs de subsistance. Le rapport recommande aussi de placer ce secteur au centre des efforts de développement pour pouvoir atteindre l'objectif consistant à réduire de moitié d'ici 2015 la proportion de la population vivant dans une extrême pauvreté et souffrant de la faim. Alors que 75 % de la population pauvre mondiale vit dans les espaces ruraux, seulement 4 % de l'aide publique au développement va à l'agriculture dans les pays en développement note le rapport. En Afrique subsaharienne, une région fortement tributaire de l'agriculture pour sa croissance, les dépenses publiques consacrées à l'agriculture ne représentent que 4 % des dépenses publiques totales et la charge fiscale reste relativement lourde dans ce secteur. Pour les populations les plus pauvres, une augmentation du PIB déterminée contribue environ quatre fois plus efficacement à faire reculer la pauvreté lorsque cette augmentation vient de l'agriculture et non d'un autre secteur. Dans les pays en mutation comme le Maroc, l'agriculture contribue en moyenne pour seulement 7 % à la croissance du PIB. Il faut donc insuffler selon la banque mondiale du dynamisme aux secteurs rural et agricole pour atténuer les disparités entre revenus ruraux et urbains et réduire la pauvreté dans laquelle vivent une forte population de ruraux, sans tomber dans le piège des subventions et du protectionnisme qui bloqueraient la croissance et augmenteraient la charge fiscale sur les consommateurs pauvres ". Dans les pays en développement, un plan d'action dynamique mettant l'agriculture au service du développement pourrait apporter beaucoup à l'immense population de ruraux, estimée à 900 millions de personnes, qui vit avec moins d'un dollar par jour et exerce en majorité une activité agricole " explique Robert B. Zoellick, Président du Groupe de la Banque mondiale. " Nous devons accorder plus d'importance à l'agriculture à tous les niveaux. Sur le plan international, les pays doivent adopter des réformes indispensables, notamment pour diminuer les subventions génératrices de distorsions et ouvrir les marchés, et les organisations de la société civile, en particulier les associations de producteurs agricoles, doivent être davantage impliquées dans l'élaboration des politiques agricoles. "