On ne peut être sur plusieurs fronts à la fois. » La sentence est d'un P/APC qui affirme ne pas pouvoir s'en prendre à tous ceux qui marchent sur les plates-bandes des commerçants légaux, seuls à souffrir des impôts. Cet élu que l'on retrouve sur une liste électorale d'un parti influent assure pourtant qu'un travail « poussé » a été mené par ses services mais sans que le commerce informel ne soit éradiqué. Des routes ont été « libérées » selon la formule consacrée par les ronds de cuir. Sauf qu'un phénomène peut être remarqué ces jours-ci : ces vendeurs réoccupent les rues sans se soucier des autorités qui ne semblent pas trop se soucier de la situation. Les policiers, souvent en grand nombre à certains endroits, « libérés un temps », laissent faire et n'interviennent que sur ordre venu d'en haut. Quand les instructions ne viennent pas, l'agent de l'ordre n'en a cure et ne peut de son propre gré empêcher que ces jeunes écoulent leurs marchandises. La raison qu'évoquent souvent les riverains de ces bazars à ciel ouvert et ceux qui sont au fait de l'actualité locale, a trait aux élections qui pointent du nez. Pour ne pas avoir ces jeunes sur le dos et ne pas voir ceux qui tournent autour d'eux bouder ces élections dont personne ne s'occupe même ceux qui les ont initiés : Il faut laisser faire et laisser vendre. John Stuart Mill, l'économiste de Pentonville, s'émouvrit à coup sûr en entendant sa formule... transformée. Les canons d'une économie de marché dont on nous vente les mérites depuis la période de l'Infitah, « bénie » de la moitié des années 1980, ne sont pas respectés. Le marché s'est vu ainsi bousculer par des acteurs qui semblent faire un pied de nez à toutes les règles respectées partout ailleurs. Pour les plus lucides, la politique et ses fluctuations se mêlent trop des affaires des économistes auxquels les règles « déréglées » du marché échappent. Le politique doit être séparé, assure-t-on depuis toujours, de l'économique, sinon les choses ne changeront jamais dans nos contrées. Mais qui semble s'en soucier ? Surtout pas les décideurs. Les changements politiques décident-ils seuls de la stratégie que suivent les gestionnaires locaux ? Pour ne pas bousculer le statu quo que l'on entretient en haut lieu, il leur est contre-indiqué d'interdire aux vendeurs à la sauvette, qui ne se sauvent plus, d'étaler leur marchandise. Pour avoir bonne foi, ils disent qu'il ne faut surtout pas s'en prendre à ces jeunes qui « se trouvent au chômage ».