Plus de trois mois après la mise sous les verrous d'ex-élus de l'Apc des Eucalyptus, le président actuel, M. Saâdallah, se trouve dans le collimateur de ses pairs. Ils lui reprochent de dilapider le portefeuille foncier de la commune, depuis qu'il s'est trouvé à la tête de cette commune de la périphérie de la capitale, devenue, selon eux, « sa chasse gardée ». Selon des élus, des locaux ont été construits, « en sous-main » par Saâdallah, sur la RN36 à Ouled El Hadj, sur un terrain dont il a bénéficié à la faveur de la délibération n°118 signée le 30 janvier 1989 portant cession de terrains. « Les contrats des 17 locataires que leur a fait signer le P/APC font référence, non pas à un acte de propriété, mais à l'arrêté du P/APC de l'époque, Slimani », relève un élu en indiquant qu'un projet d'extension du CFPA voisin a été bloqué par ce projet. Selon cet élu toujours, le PV minute, écrit à la main, ne fait pas mention des frères de Saâdallah et ce n'est que plus tard qu'il a ajouté leurs noms à la liste. La délibération n° 118, sur laquelle s'appuient ceux qui attaquent l'assemblée, a été plusieurs fois modifiée. Le P/APC dont l'habitation se trouve en face des 34 locaux en chantier, depuis 2004, battra en brèche ces allégations. « J'ai hérité des lots de terrain de mes aïeuls. Des problèmes d'héritage sont apparus », soutient-il. Evoquant les noms de ses frères figurant au bas de la liste de la « fameuse délibération n°118 » portant promotion immobilière, il dira qu'« il faut s'enquérir auprès du président d'APC. » L'assiette sur laquelle a été construite la direction des affaires sociales et culturelles (DASC), attenante au siège de l'APC, est aussi en litige. Les 25 bénéficiaires se partageant les lots de ce terrain domanial, se trouvant sur la RN8, ont intenté une action contre l'actuelle assemblée et ont eu gain de cause. Le huissier de justice, ramené par les attributaires des documents qu'a signés l'ex-DEC en prison, ne pouvait pas exécuter la décision en raison d'« un obstacle matériel », la bâtisse de 413 m. Le vice-président chargé du social qui occupe la DASC relève qu'« il peut être délogé », puisqu'une décision de démolition peut devenir exécutoire. Le reproche fait par les élus au P/APC est qu'il ne fait pas appel des décisions de justice, « laissant les délais prévus expirer ». Le P/APC s'en défend. Pour lui, « cette affaire à rebondissement » fera l'objet d'un arrangement avec l'Entv, qui se base sur des documents de la RTF pour réclamer des terrains. En raison de ces retards, un découvert financier de 1,8 milliard de centimes a été constaté ainsi par les élus. La somme a été retirée du Trésor par un nommé C., qui a eu gain de cause avant d'être écroué dans une affaire de détournement de foncier. Le vice-président chargé de l'urbanisme, Ali Moussa, n'est pas épargné par les élus. Il sera, selon eux, toujours soutenu par son supérieur, en dépit de la décision prise par le wali délégué de Baraki. Dans une correspondance datant du 8 mars 2005, celui-ci affirme que des actes d'urbanisme (permis de construire et certificat d'existence) ont été signés par cet élu, « notamment dans des cas ayant fait l'objet de démolition à la zone d'activités Haouch Benhmida ». Il demandera l'annulation des documents ayant trait à la gestion du foncier en assurant que l'élu n'est pas habilité à signer de pareils documents, puisque ne relevant pas de ses prérogatives. L'inamovible P/APC, pas toujours en odeur de sainteté chez ses administrés, n'a pas fait l'objet d'une motion de défiance en raison du fait qu'il existe des élus de sa majorité pour le soutenir, indique-t-on. Selon un élu, Saâdallah, qui a entamé sa carrière comme vice-président avant de se présenter sous la couleur d'indépendant, en 1997, a viré sa cuti en rejoignant le FLN. Il essayera de flirter avec le RND mais essuiera un refus de la part des représentants de cette formation politique. Pour le P/APC, des raisons électoralistes expliquent la montée au créneau de ses détracteurs.