Chéraga ce n'est pas seulement ces locaux rutilants, mais c'est aussi une APC qui ne semble pas trop se soucier du vécu des administrés. Solliciter une audience du P/APC semble relever de la gageure. Plusieurs citoyens l'ont appris à leurs dépens. L'APC n'offre rien aux administrés : tout juste des chaises délabrées et le service d'un personnel pléthorique abattu. Les rares citoyens, qui se sont présentés lors de la journée du mardi, qui « n'est pas jour de réception », précise un factotum pressé, ont été tous rabroués. Sans ménagement aucun. Seul le service d'état civil travaille à plein régime. 9h30, siège de l'APC. Un rendez-vous nous a été donné par téléphone par le maire pour un entretien, mais une fois au siège, point d'élu. Seuls des membres de l'exécutif et des délégués qui s'apprêtaient à repartir à peine rentrés au siège de l'APC transformé en chantier. Tous se regroupent dans le bureau de la secrétaire, pour les nouvelles. La secrétaire du maire demandera si c'est l'intéressé qui a écrit l'article paru dans la page locale sur les travaux de réaménagement du siège. Infirmation du concerné. Un élu prendra le relais : « Les travaux prendront du temps ; ici ce n'est pas les Chinois qui s'activent. Avec une entreprise algérienne, la cadence des travaux est toujours faible. » Les travaux dans l'APC traînent en longueur. Ainsi, des toilettes aux portes éventrées se dégage une odeur nauséabonde qui se répand dans une partie des couloirs du 2e étage qui mènent aux « quartiers » du P/APC. Celui-ci ne peut nous recevoir pour la seule raison qu'il est « sur le terrain ; une réquisition de la wilaya exige sa présence ». « Une salle de prière a été construite dans le périmètre d'une EAC, il doit lui-même assister à la démolition comme l'exige la réglementation, les gens n'en font qu'à leur tête. Ils prennent leurs aises et construisent sans autorisation. Mais oublient-ils qu'on est toujours en état d'urgence », soutient mi-sérieux, mi-taquin un employé. P/APC aux abonnés absents... 10h45. Les heures passent, aucun des élus de cette APC fantôme n'est là, alors que le couloir grouille d'employés affairés. « L'APC de Chéraga a connu plusieurs élus, chacun a ses humeurs ; ceux du mandat passé ne pointaient le nez que rarement. Le plus apprécié de tous reste l'ex-P/APC et néanmoins dentiste qui était aux affaires avant la décennie du terrorisme. Il est décédé », fera remarquer une employée. Cette APC de la périphérie de la capitale a connu pourtant une première : le plus jeune élu d'Algérie, la vingtaine, a pris ses fonctions avec les honneurs. D'obédience islahiste, il a eu l'onction du parti et se retrouve à la place de son père, élu aux mêmes fonctions deux mandats auparavant. « M. Chermat a toutes les qualités, il est diplômé en commerce international et sait se faire respecter de son équipe », nous assure une employée, tandis que le bureau de l'édile, ouvert aux quatre vents, est « pris d'assaut » par des employés, un fatras de papiers à la main. L'APC de Chéraga connaît en dépit de cette « distinction » la situation : elle s'agrandit et voit ces soucis prendre de l'ampleur. Les nouveaux lotissements non viabilisés et les haouchs rendent la situation des habitants plus difficile dans une commune à l'architecture décousue. Les immeubles qui y sont construits se surpassent en hauteur et en horreur. « L'APC est semi-rurale. L'ancienne Chéraga a été délaissée, nous affirme-t-on, depuis les premières années de l'indépendance. » Preuve de l'abandon et de l'indifférence d'élus qui laissent « leurs prérogatives à la wilaya déléguée » ; le nombre de logements sociaux alloués à une assemblée qui n'est pas « entreprenante ». « La commune a distribué 40 logements l'année dernière. Une APC qui a enregistré quelque 13 000 demandes doit en avoir plus. Ce n'est guère le cas », s'étonne un jeune, qui affirme représenter la « société civile ». A 11h passées, le P/APC fait son apparition discrète. Mais pour rencontrer « en priorité » des personnes arrivées pourtant en retard : des Saoudiens du projet Sidar (société qui a construit le centre commercial El Qods attenant au siège de l'APC), susurre-t-on sous cape. Le journaliste qui a été « mis au secret » dans un bureau n'y verra que du feu. Le factotum qui l'y a mis là et qui devait le présenter au P/APC lui dira que M. Chermat, « très pressé » est reparti avec ses invités en sortant par une porte dérobée. Les dérobades ne se comptent plus dans les administrations locales. Le jeune élu ne semble guère différer de ses prédécesseurs ni même de ses nombreux collègues des autres APC. La jeunesse ne semble ni savoir ni pouvoir changer les choses, mais surtout les mentalités.