Célèbre pour son impressionnante muraille datant de l'époque romaine, la coquette bourgade de Sour, qui domine l'impressionnante vallée du Cheliff, semble décidée à se fâcher avec sa prestigieuse histoire. Erigée pour servir de rempart à ce qui s'apparente à une véritable forteresse, la muraille dont ne subsiste qu'un seul mur d'une longueur approximative de cinquante mètres n'en garde pas moins l'impression d'avoir été une citadelle imprenable du temps où la luxuriance de la vallée faisait l'objet de nombreuses convoitises. Faisant face à la grande cité urbaine de Quiza municipae, la forteresse abritait certainement une forte garnison, d'autant que la présence d'une eau limpide et généreuse permettait une agriculture prospère dont subsistent jusqu'à nos jours de précieuses reliques. En effet, les terres environnantes, qui s'étendent de Oued El Kheir à Aïn Tédelès en passant par Ouled Bouras et H'daïdia, sont parsemées de vergers et de maraîchers parmi les plus prospères et les plus précoces de la région. Car, contrairement à Quiza, sa rivale, adossée à des terres marneuses, la cité de Sour possède sans doute les terres les plus fertiles de la région. Sa célèbre muraille que les troupes conduites par les sanguinaires Pélissier et autres Cavaignac utiliseront pour leurs besoins propres, sera en grande partie détruite. Les ruines livrées aux chapardeurs Mais, depuis l'indépendance et malgré le combat singulier livré en solitaire par feu Abdelkader Benaïssa - qui sera l'un des premiers directeurs de la culture et député de la région -, la commune de Sour daignera dresser, en guise de protection, un simple grillage que le temps et l'ineptie ont fini par faire disparaître. Ainsi, le mur et les insoupçonnables ruines enfouies en contrebas sont désormais livrés au bon vouloir des chapardeurs. Un voisin n'a pas trouvé mieux que de construire une baraque en parpaing en totale mitoyenneté avec le mur. D'autres sont en train de retirer des tas de pierres destinées probablement à ériger des murs, voire des habitations. Ainsi, lors de notre visite sur le site, pas moins de quatre amas de pierres ont été recensés et photographiés par les soins du responsable de l'archéologie. Il y a de cela une année, au niveau du douar H'daïdia, il a fallu l'intervention des gendarmes pour empêcher un massacre sur d'énormes jarres romaines qu'un fellah avait déterrées sans ménagement de sa parcelle sur laquelle il voulait ériger un mur. Alors que la mairie est en train de procéder à quelques travaux d'embellissement sur le boulevard principal, nulle part la présence de ces ruines authentiques n'est indiquée à l'intention des rares visiteurs, mais aussi de la population. En d'autres lieux, des vestiges aussi impressionnants que le mur de Sour - qui rappelle par endroit le Méchouar de Tlemcen ou l'imposante muraille qui enlace Rabat, la capitale du Maroc - auraient fait l'objet de la plus pressante attention. Ici, tout se passe comme si ce mur était de trop. Alors que, par endroit, il commence sérieusement à s'effriter par absence d'entretien, voilà que des mains malintentionnées se mettent à en retirer des pierres séculaires sans que les responsables ne se ressaisissent afin de protéger ce patrimoine commun.