Abdelaziz Belkhadem aurait-il mangé tout son pain blanc ? Apparemment, tout porterait à le croire. D'abord à travers les propos tenus par son prédécesseur à la tête du gouvernement, Ahmed Ouyahia, rejetant sur un ton de dérision la « politique de papa Noël » suivie par l'actuel Exécutif. Ce ne sont certainement pas les déclarations triomphalistes de Belkhadem affirmant, la veille de l'ouverture de la campagne électorale, qu'il n'y a « ni crise de pomme de terre ni crise au sein du FLN » dans l'Algérie qu'il gouverne qui démentiront Ouyahia à qui bon nombre de ses contradicteurs pourraient lui reprocher « d'avoir navigué à vue » quand il gérait les affaires de l'Etat. Le week-end dernier, un rassemblement de contestation réunissant des représentants du Front de libération nationale, conduit par le chef du groupe parlementaire, se tenait devant le siège du parti à Alger. A cela, il convient d'ajouter les déclarations faites par d'anciens membres de la direction politique du front, critiquant l'incapacité de l'actuel secrétaire général à rassembler les militants en vue des prochaines élections. Quant à la pomme de terre, tout le monde a pu se rendre compte que les mesures prises au cours du dernier Ramadhan n'ont pas eu les effets attendus tant sur le niveau des prix que sur celui de la disponibilité dans les étals. En effet, en dépit des exonérations douanières prises au profit des importateurs, le prix du « vénérable tubercule » n'a pas baissé en dessous de 60 dinars le kilo, malgré l'arrivée sur le marché de la production nationale. Cette disposition fiscale prise exceptionnellement à la veille d'échéances électorales importantes semble donc avoir profité davantage aux importateurs privés qu'aux catégories défavorisées. Elle ne suffira pas, à elle seule, à combler le déficit de popularité envers les dirigeants actuels et qui s'est traduit en avril dernier par un niveau d'abstention record lors des élections législatives. La vox populi conteste aujourd'hui que les faibles revenus (el guellil) soient obligés de s'acquitter du même prix que les riches pour se « confectionner leur plat de frites quotidien ». En choisissant d'aller sur ce terrain de la consommation interne pour lancer des dénégations péremptoires, le chef du gouvernement ne semble pas avoir été bien inspiré ; d'autant que chaque jour, la presse fait état de multiples scandales en matière de pomme de terre importée impropre à la consommation. Maladresse, s'il en est, qui risque de coûter cher au parti, déjà en proie à un mouvement de contestation interne et à ses candidats sur le terrain face à une opinion publique fortement désabusée. D'ailleurs, certains leaders d'autres formations politiques de la coalition présidentielle, à l'instar de Ahmed Ouyahia qui aspire sans doute à revenir aux affaires, n'ont pas manqué de lancer quelques « piques assassines » sur la gestion Belkhadem. Ainsi, l'ancien chef du gouvernement n'a pas hésité à l'occasion d'un meeting à Sidi Bel Abbès qu'il était « nécessaire de prendre des mesures à tous les niveaux pour redonner espoir aux Algériens ». Tout comme il n'a pas manqué d'apporter une appréciation comme il dit au carnet de l'Algérie se résumant en ces mots : « Bien. Doit mieux faire ». Ces propos dits par quelqu'un qui a déjà eu à exercer les charges de chef du gouvernement laissent sous-entendre quelque part comme un verdict à l'égard de la gestion de Belkhadem et des mesures sans effet ou presque sur le quotidien des Algériens. Mais il faudra assurément au RND ou à tout autre parti de la coalition présidentielle autre chose que des mesures ou des recommandations aux élus locaux et régionaux pour faire sortir le pays du marasme dans lequel il se trouve actuellement, en dépit des moyens financiers considérables dont il dispose.