Le Chef du gouvernement a implicitement répondu à son prédécesseur, Ahmed Ouyahia qui, lors du conseil national du RND, a critiqué vertement l'action de l'Exécutif actuel. Le réquisitoire du chef du RND contre la gestion des affaires publiques par le gouvernement, prononcé en début de semaine, a apparemment ébranlé Abdelaziz Belkhadem. Le chef de l'Exécutif a, en effet, complètement perdu son self-control devant une question posée par une journaliste de Liberté, au cours d'un point de presse qu'il a animé hier à l'issue des travaux de la bipartite. Le Chef du gouvernement a été pourtant interpellé sur des propos qu'il avait tenus quelques heures auparavant, à l'ouverture de la session. Des propos dans lesquels il avait qualifié l'augmentation des salaires des fonctionnaires d'“événement majeur” en insistant sur la coïncidence de ce relèvement avec la rentrée sociale et le mois de Ramadhan. “M. le Chef du gouvernement, où se situe l'événement majeur alors que vous ne nous donnez aucun détail ni repère sur la teneur de cette hausse ou sur la date d'effet de la décision ? Qu'allons-nous dire aux gens qui nous lisent ?” avons-nous demandé. Cette question a irrité le conférencier qui a perdu ses nerfs, au point de porter des accusations pour le moins scandaleuses en déclarant : “Vous n'êtes pas le porte-parole de la direction politique d'un parti politique.” En adressant de telles attaques à l'encontre de la journaliste, M. Belkhadem a-t-il voulu atteindre Liberté ? Pourtant, le journal, comme les autres titres nationaux, a fait son travail en couvrant samedi dernier la rencontre parlementaire du RND et l'allocution d'ouverture de son secrétaire général, Ahmed Ouyahia. Cela nous fait dire que les critiques de ce dernier, les plus récentes qui émanent de la classe politique, sont à l'origine de la réaction violente et incontrôlée du Chef du gouvernement. En tout état de cause, son attitude envers la journaliste et son journal sont du domaine de l'arbitraire. Devant les regards choqués des journalistes présents, M. Belkhadem s'est cependant rendu compte de son erreur puisqu'il a essayé de retrouver son sang-froid en nous renvoyant à la décision finale que devrait prendre le premier magistrat du pays, au cours du prochain Conseil des ministres. Une réponse qui n'a convaincu personne. Bien au contraire, elle a étonné plus d'un et suscité des interrogations sur le pourquoi d'une telle bipartite si les décisions ne sont pas prises auparavant, comme ce fut le cas dans les précédentes bipartites et tripartites, avec l'aval bien entendu du président de la République. Sollicité sur les dernières déclarations du chef du RND, dans lesquelles celui-ci exhortait les pouvoirs publics à s'attaquer à la racine des problématiques et à se pencher sur la problématique du pouvoir d'achat des citoyens au lieu de répondre par des mesures trompeuses, le Chef du gouvernement a d'abord refusé “tout commentaire”, avant de se rétracter. Il a ainsi fait remarquer que M. Ouyahia, qui “était à ce poste (de Chef du gouvernement, ndlr) avant moi, est un allié de l'alliance présidentielle et il est libre de déclarer ce qu'il veut”. Abdelaziz Belkhadem a en outre répondu indirectement à Ouyahia sur “les actions de solidarité” menées par l'Etat algérien en direction de certaines franges de la population, en déclarant que son gouvernement se préoccupe de “la rentrée scolaire” et de “la prise en charge dans la société”. Concernant l'augmentation conséquente des produits de large consommation, contribuant à donner une image anarchique du marché national — c'est là aussi un autre point critiqué par le RND —, le conférencier a admis l'existence de “tensions inflationnistes”, en promettant que “ces augmentations ne se fondent pas du fait des tensions inflationnistes”. “Il y aura le regard de l'Etat sur les importations”, a-t-il poursuivi. Hafida Ameyar