Sur les 137 217 lettres adressées à près de 300 000 abstentionnistes lors des partielles d'octobre 2005, un tiers n'a pas répondu à la question du département de Zerhouni. La proximité a dicté à quelques candidats, en campagne électorale à Béjaïa, d'aller chercher l'adhésion des électeurs réticents, même dans les recoins des quartiers. L'enjeu en Kabylie est d'abord de convaincre les gens de l'utilité de l'acte de vote, notamment après le désintérêt lors des dernières législatives. Une abstention qui a été plus importante cependant dans les partielles du 24 novembre 2005. C'est sur les résultats de celles-ci que l'administration a préféré se baser dans son action consistant à adresser des lettres aux abstentionnistes. Une initiative que le ministère de l'Intérieur a lancé pour « comprendre » le pourquoi du fort taux d'abstention. « 137 217 lettres ont été remises à Algérie Poste pour leur acheminement aux abstentionnistes. 85 541 nous ont répondu », apprend le directeur de la réglementation et de l'administration générale (DRAG), Mohamed Allalou, lors du forum hebdomadaire de radio Soummam. Ainsi, ce sont plus de 51 000 électeurs supposés non votants en 2005 qui n'ont pas encore jugé utile de répondre à la question de la DRAG, celle de savoir s'ils gardent toujours leur lieu de résidence. Leur sort ? « Ils seront radiés des fichiers électoraux », répond M. Allalou. Selon lui, cela n'a pas été encore fait puisque l'opération d'envoi des lettres, suspendue, reprendra après les élections du 29 novembre. Au moins 152 915 autres électeurs devront être destinataires du même courrier puisqu'en octobre 2005, ils étaient près de 300 000 électeurs à n'avoir pas voté dans la wilaya. Ira-t-on jusqu'à vider ainsi le fichier électoral de milliers de noms dont certains ont été destinataires de ce courrier par erreur, parce qu'ayant pourtant voté ? « Nous procéderons à des vérifications d'abord », précise le DRAG. Autre question : une telle initiative ne risque-t-elle pas d'être mal prise par les électeurs qui défendent le principe que le boycott ou l'abstention est aussi une forme d'expression, un droit ? Leur désapprobation risque de s'exprimer le 29 novembre. Pour le moment, l'opération de la révision du fichier électoral a donné lieu à un corps électoral de 497 426 inscrits, soit 50 000 électeurs de plus que lors des dernières législatives. Le dispositif, lui, a dégagé un bureau et 6 centres de vote de plus qu'en mai dernier. « Nous n'attendons que les électeurs », affirme des sources dans l'administration. En attendant, le scrutin intéresse, entre autres, 40 P/APC, 41 vice-présidents et 129 autres élus qui se représentent pour la course à un autre mandat. En tout, 3638 candidats, dont seulement 20 femmes, sont en course dans les 52 APC et 520 candidats dont 24 femmes le sont pour l'APW. Une semaine après son démarrage, la campagne électorale ne promet pas cependant beaucoup sinon de perpétuer la traditionnelle pollution graphique à travers l'affichage anarchique. Pourquoi l'administration ne sévit pas ? La question a été posée au DRAG. L'administration se dit impuissante devant ce fléau et rien n'est prévu dans ce sens au titre des dispositions pénales dans la loi organique relative au régime électoral sinon que « des surfaces publiques réservées à la publication des listes électorales sont attribuées équitablement à l'intérieur des circonscriptions électorales » et que « le wali veille à l'application des dispositions énoncées à l'alinéa ci-dessus », stipule l'article 178. « Nous ne pouvons pas mettre un gendarme devant chaque site », a répondu le DRAG. Un vide qui donne libre cours à l'anarchie. Les murs de Béjaïa sont déjà plus sollicités que les 36 sites officiels qui ont été mis en place dans la ville. C'est le même topo à travers la wilaya où la campagne électorale, parce que de proximité, ne se déroule pas forcément dans les 50 salles, 35 stades et 152 places publiques que l'administration a dégagés pour la circonstance.