Le contraire aurait étonné, car Israël a toujours affirmé son opposition à la paix et agit en conséquence. Il en a été ainsi pour tous les efforts déployés depuis, en réalité, les années 1970 pour un règlement global, lui préférant les accords séparés. Cette voie n'a mené nulle part, et cela était voulu par les Israéliens. Quant à leur face-à-face avec les Palestiniens, ils se sont contentés d'opérations médiatiques, et ils n'ont d'ailleurs pas hésité à dire de quelle manière ils tuaient tous les processus. C'est-à-dire tous ceux qui vont bien au-delà des généralités. C'était le cas avec l'accord d'Oslo, et ensuite de la Feuille de route. Et il en sera ainsi avec la prochaine réunion d'Annapolis qui se tiendra à l'initiative des Américains. Le Parlement israélien vient d'adopter un projet de loi exigeant que tout éventuel compromis sur El Qods avec les Palestiniens soit approuvé par une majorité de 80 députés sur un total de 120 à la Chambre. Selon une loi fondamentale de 1980, Israël considère El Qods, y compris la partie arabe orientale conquise en 1967, comme sa « capitale éternelle et indivisible », contre l'avis de l'ONU qui déclare une telle décision nulle et non avenue. C'est de cette manière qu'Israël prépare la conférence d'Annapolis, en réduisant de manière drastique la marge de négociation, à supposer qu'il y en ait une comme le craignent fort justement les Palestiniens. Après le vote, le député d'origine palestinienne Mohammad Barakeh a accusé le gouvernement du Premier ministre Ehud Olmert de « comploter » avec l'opposition de droite pour perturber les négociations avec les Palestiniens. « Leur collusion était évidente. Non seulement le gouvernement n'a pas fait connaître sa position sur ce projet de loi mais il a donné aux membres de la coalition au pouvoir la liberté de vote, d'où la grande majorité en faveur du texte », a dit M. Barakeh. Les Palestiniens souhaitent faire d'El Qods-Est la capitale de leur futur Etat. Et dire que la réunion qui doit se tenir fin novembre aux Etats-Unis est censée aborder les questions du statut d'El Qods, le tracé des frontières, le sort des réfugiés palestiniens, les arrangements sécuritaires et le partage des ressources en eau. C'est d'ailleurs ce qui a amené le président de l'Autorité palestinienne, Mahmoud Abbas, à ne plus pouvoir dissimuler son scepticisme. Abbas a souligné que les Palestiniens étaient « mécontents de l'attitude de la partie israélienne, car les Israéliens n'ont rien offert qui serait en mesure d'assurer le succès de la conférence ». Il a estimé auprès du roi saoudien que les Etats-Unis devaient « faire pression sur Israël, les obliger à se conformer (...) à la feuille de route, l'initiative de paix arabe et les résolutions de l'ONU ». M. Abbas effectuait une brève visite en Arabie Saoudite au moment où négociateurs palestiniens et israéliens tentent d'élaborer une déclaration commune qu'ils espèrent présenter lors de la réunion d'Annapolis, près de Washington. Jeudi, dans un discours télévisé à l'occasion du 19e anniversaire de la proclamation symbolique de l'Etat palestinien, Mahmoud Abbas avait lancé un appel à la paix aux Israéliens. « Je voudrais m'adresser au peuple et au gouvernement israéliens pour leur dire que nous sommes déterminés à parvenir à une paix réelle, dans l'intérêt de nos générations futures », avait-il dit. La réponse israélienne n'a pas tardé du tout. Elle est venue sous la forme d'un vote sur El Qods. Pas question de paix.