Le président américain a réaffirmé dimanche son «engagement personnel» en faveur de «deux Etats démocratiques, Israël et Palestine». Le président George W.Bush a lancé hier son plus sérieux effort diplomatique pour résoudre le conflit entre Israël et les Palestiniens en accueillant leurs dirigeants à la veille d'une réunion internationale censée réactiver un processus de paix moribond. Le Premier ministre israélien Ehud Olmert et le président palestinien Mahmoud Abbas devaient être reçus séparément à la Maison-Blanche avant de participer aujourd'hui, aux côtés de représentants d'une cinquantaine de pays, à la réunion d'Annapolis, près de Washington, sur le Proche-Orient. Cette conférence doit donner le coup d'envoi à d'intenses négociations devant conduire à terme à la création d'un Etat palestinien indépendant cohabitant pacifiquement avec son voisin israélien, conformément à la vision d'une administration américaine qui semblait avoir délaissé le conflit israélo-palestinien pour se consacrer à l'Irak et plus récemment au dossier nucléaire iranien. M.Bush a ainsi réaffirmé dimanche son «engagement personnel» en faveur de «deux Etats démocratiques, Israël et Palestine, vivant côte à côte dans la paix et la sécurité». «Israéliens et Palestiniens attendent depuis longtemps que cette vision devienne réalité», a dit M.Bush dans un communiqué. Ses efforts risquent toutefois de se heurter à la situation sur le terrain -où les colonies, la barrière de séparation et les barrages israéliens ont morcelé la Cisjordanie en îlots isolés- et à la méfiance qui règne entre les protagonistes après des années de violence. Négociateurs israéliens et palestiniens se sont montrés incapables de s'entendre sur un document commun servant de base aux négociations de l'après-Annapolis et comportant les grandes lignes d'un éventuel règlement, même si un haut responsable israélien n'a pas exclu hier, qu'un accord soit encore possible. «Il y encore une possibilité de conclure une déclaration conjointe», a déclaré Aharon Abramowicz, directeur général du ministère des Affaires étrangères, évoquant une prochaine réunion entre négociateurs. Mais en l'absence pour l'instant d'un tel document et devant l'insistance d'Israël de lier tout retrait territorial à des progrès significatifs en matière de sécurité, les Palestiniens ont dû revoir leurs attentes à la baisse. «Annapolis sera une opportunité de remettre le conflit israélo-palestinien sous les feux des projecteurs. Nous ne nous attendons à rien de plus qu'à une reprise immédiate des négociations», a déclaré Nabil Chaath, un conseiller politique de M.Abbas. Il a affirmé que les Palestiniens souhaitaient obtenir en outre un engagement que les négociations envisagées aboutiront en 2008. «Pour nous, un calendrier acceptable doit se terminer avant la fin du mandat Bush (en janvier 2009). Dans la pratique, cela veut dire d'ici un an, car en novembre prochain Bush sera un canard boiteux», lorsque son successeur à la Maison-Blanche aura été élu. Il a estimé qu'un succès à Annapolis «renforcera le président Abbas et Olmert», le premier ayant été affaibli par le coup de force des islamistes du Hamas dans la bande de Ghaza en juin et le second, éclaboussé par des affaires de corruption, par les ratés de la guerre au Liban à l'été 2006. Pour la porte-parole de M.Olmert, Miri Eisin, l'implication personnelle de M.Bush devrait inciter les deux parties à avancer sur la voie de la paix. «Sa présence à la réunion d'Annapolis et sa vision de deux Etats nous poussent à aller de l'avant dans les discussions». Mais sur le terrain, tandis que la police israélienne est déployée en masse pour empêcher que d'éventuels attentats ne torpillent la conférence, le Hamas en a rejeté par avance les conclusions. «Les décisions prises à Annapolis n'engageront pas le peuple palestinien, car celui-ci n'autorise personne, qu'il soit arabe ou palestinien, à tirer un trait sur ses droits», a affirmé à Ghaza le porte-parole du mouvement islamiste, Fawzi Barhoum. Les principaux acteurs du conflit, à l'exception du Hamas et de l'Iran, seront présents à Annapolis. L'Arabie Saoudite, à l'origine d'une initiative de paix avec Israël réactivée en mars 2007 mais restée lettre morte, sera représentée par son ministre des Affaires étrangères Saoud Al-Fayçal. Le président iranien Mahmoud Ahmadinejad n'a d'ailleurs pas manqué de critiquer la participation de son voisin saoudien, déclarant au roi Abdallah que les pays arabes doivent «être vigilants envers les complots et les tromperies de l'ennemi sioniste». Et le guide suprême iranien, l'ayatollah Ali Khamenei, a prédit l'«échec» de la réunion «à cause du réveil du peuple palestinien». La Syrie participera également à la réunion, affirmant avoir obtenu de Washington qu'y soit abordé son conflit avec Israël sur le plateau du Golan.