Habbel Boukhari, directeur du conservatoire depuis deux ans, est avant tout un artiste dans l'art de décorer les films et pièces théâtrales et d'habiller les acteurs. Il a été, d'ailleurs, invité aux journées théâtrales de Carthage (Tunisie), prévues du 30 novembre au 8 décembre 2007, pour avoir participé en tant que scénariste au film « Le langage des mères » sur la guerre en Irak. Parlez-nous un peu de cet événement ? On m'a officiellement invité à prendre part à ce grand rendez-vous du théâtre en Tunisie, en ma qualité de scénariste ayant pris part à plusieurs œuvres cinématographiques et théâtrales, dont la dernière en date est le film « le langage des mères » sur la guerre en Irak, mise en scène par Sonia. Cela est pour moi un signe de considération et une preuve supplémentaire de la qualité du travail que j'ai pu accomplir dans ce domaine, au profit du cinéma et du théâtre national. Mais cela n'est pas souvent apprécié à sa juste valeur à Chlef ? Effectivement, les gens ont tendance à oublier que Chlef a toujours été un pôle de formation artistique et d'animation culturelle, dont l'élan a été, malheureusement, brisé ces deux dernières décennies, marquées par le violent séisme d'octobre 1980 et les événements douloureux qu'a connus le pays. Je vous cite l'exemple de Rabah Loucif, un acteur issu de la région, qui s'est imposé sur la scène cinématographique en France. Il a joué dernièrement dans le film « Beur, Blanc, Rouge » auquel j'ai pris part en tant que scénographe. D'autres jeunes acteurs locaux sont sur la même voie et peuvent redonner au théâtre la place qui lui revient dans le paysage culturel, pour peu qu'ils soient aidés et encouragés par les responsables en charge du secteur. Vous paraissez déçu ? Il y a de quoi, un joyau comme le conservatoire de musique, qui a été inauguré par le président de la République le 29 mai dernier, n'est toujours pas doté d'un statut, ce qui entrave sérieusement nos activités. N'eut été l'aide de la direction de la Culture et de l'association Art et Spectacles que je préside, l'établissement n'aurait jamais pu continuer à fonctionner, à ce jour. Si d'ici un mois, le problème n'est pas réglé, les enseignants de musique risquent de ne pas être payés, faute de prise en charge administrative et financière. Cela nous obligera aussi à geler les projets de création d'ateliers de scénographie, de marionnette et de formation d'acteurs. C'est dommage car nous avons un potentiel humain important qui ne demande qu'à être soutenu pour émerger. Actuellement, le conservatoire accueille 83 élèves répartis sur la danse classique, la musique classique et la musique andalouse et chaabi. Un dernier mot ? Je lance un appel aux autorités concernées pour lever ces entraves en vue de permettre au conservatoire de jouer pleinement son rôle et devenir, pourquoi pas, un haut lieu de formation et de rayonnement culturel dans la région.