Ouargla vient d'être secouée par une nouvelle spirale de la violence. Cette ville est depuis hier la proie de nouvelles émeutes. La population sort dans la rue arborant sa misère et réclamant son droit au travail, aux soins, à l'école, au logement, à la nourriture, à l'eau… à la vie, une vie décente. Laissés en rade depuis toujours, des jeunes et moins jeunes dénoncent leur exclusion du marché du travail local et expriment leur ras-le-bol quant à l'absence de perspectives, de la moindre lueur d'espoir. Coincés entre le désert et la misère, ces Algériens, vivotant sans lendemain certain aux portes du Sud, ne veulent plus se plier à la volonté des dirigeants qui feignent d'ignorer leur insoutenable et injuste situation. Ils refusent de se taire et préfèrent exprimer leur rage, leur marasme bruyamment, espérant faire entendre leur voix et faire valoir leurs revendications. Mais l'Etat ne semble avoir de réponse que la répression. La rue est ainsi devenue, et ce depuis des années, le réceptacle par excellence des attentes non satisfaites. Mais aussi le théâtre de la violence policière. Cette wilaya pétrolière des plus riches d'Algérie se retrouve dans la situation d'il y a quatre ans. En début de 2004, une centaine de chômeurs s'est soulevée contre les mêmes conditions de vie que celles contestées par les manifestants d'hier. Les émeutes se sont propagées à cette date-là à d'autres villes et régions du sud du pays qui se considèrent lésées du fait qu'elles regorgent de richesses naturelles sans pour autant en tirer profit. Alors que des cohortes de travailleurs du Nord atterrissent dans ces régions pétrolières et gazières, ticket d'embauche à la main, les « locaux » tiennent les murs les poches vides. L'ampleur qu'a pris la protestation a contraint le gouvernement à prendre à la fin de février 2004 une décision portant le gel des bureaux de placements de main-d'œuvre qui, il faut le relever, n'ont aucunement contribué à endiguer le problème du chômage qui continue à frapper de plein fouet la société, les jeunes surtout. Le gouvernement d'alors avait rassuré avoir donné instruction à l'ensemble des opérateurs de droit public ou privé de procéder au recrutement par le biais de l'Agence nationale de l'emploi et d'avantager les demandeurs locaux. Ces mesures ont été considérées comme insuffisantes. Mais se contentant du peu, les manifestants ont suspendu leur mouvement de protestation. Mais de toute évidence, les émeutes d'hier viennent confirmer que les revendications des manifestants de 2004 n'ont pas été concrètement prises en charge. Leur situation a plutôt empiré depuis cette année-là et le pouvoir d'achat des familles a été complètement érodé. Si le précédent cycle émeutier s'est produit quelques mois avant la présidentielle d'avril 2004, cette fois-ci les manifestants mènent leur action revendicative en plein milieu de la campagne électorale pour les locales du 29 novembre courant. Ce vent de colère souffle trois jours après le passage de Abdelaziz Belkhadem, chef du gouvernement et également secrétaire général du FLN, en campagne électorale dans la ville de Ouargla.