Dans moins d'une dizaine de jours, 24 partis politiques et plus de 400 candidats indépendants vont passer par les urnes pour tenter d'arracher le plus de communes et de wilayas possible. Si pour l'instant l'échéance électorale du 29 novembre est loin d'avoir suscité l'engouement des citoyens, c'est qu'il y a sans aucun doute au moins une raison. Les Algériens, en effet, en sont venus malgré eux à se poser la question sur l'utilité d'apporter ou non leur voix dans le choix des élus qui seront, en principe, appelés à gérer les 1540 communes et les 48 wilayas dans lesquelles ils vivent quotidiennement. « Vivre », un bien grand mot, au regard des conditions précaires, insalubres du quotidien de la majeure partie de la population. Il suffit pour s'en rendre compte de regarder autour de soi pour constater « de visu » ces tas d'immondices qui s'amoncellent au bas des immeubles. Alors qu'aucune grève des éboueurs n'est signalée ces jours-ci. De relever, au sortir d'Alger, quelle que soit la direction que l'on prend, ces dizaines de décharges sauvages qui enlaidissent un environnement déjà fortement malmené par les assauts du béton. Egouts éventrés d'où s'écoulent des eaux usées qui finissent leur course en mares nauséabondes, etc. Mais arrêtons là une description de ce qu'est le cadre actuel de « survie » des Algériens et que des pages entières du journal que vous avez entre les mains ne suffiraient pas à contenir. Puisque l'on évoque la capitale, on pourrait difficilement passer sous silence cette statistique ô combien significative de l'état de délabrement du cadre de « survie », de l'insalubrité dans lesquels on est confiné du fait de l'incompétence, du laxisme et des autres maux qui ont « frappé » nos gestionnaires des villes et des campagnes et tous élus confondus… En six mois, on a enregistré 1900 morsures de rats sur des individus essentiellement et des animaux domestiques à l'occasion. Oui vous bien lu : 1900 morsures en six mois. On a connu pire semble-t-il, selon l'Etablissement d'hygiène publique de la wilaya d'Alger (Hurbal), notamment en 2005, où l'on a atteint le seuil critique de 4000 morsures de rats. Il y a eu pire, en effet, notamment en 2000 avec le drame de la localité de Kehaïlia près d'Oran, où la peste bubonique transmise par morsures de rats a fait plusieurs victimes. On connaissait la rage, la typhoïde et leurs quotidiens de victimes à travers le territoire national, en 2000 on a eu pire. Cette année-là, tout le pays a été secoué par l'affreuse nouvelle de la réapparition de la peste, méconnue chez nous depuis l'indépendance. L'été dernier toute la région de Sidi Bel Abbès a vécu sous le choc à la suite de l'apparition d'une mystérieuse maladie qui a fait plusieurs morts et provoqué l'hospitalisation de plusieurs dizaines de citoyens. On sait aujourd'hui que cette maladie a été transmise par un virus que l'on a retrouvé entre autres dans les urines des rats… Le fait que nos responsables ont du mal, aujourd'hui, à reconnaître que ces dangereux et pestiférés rongeurs côtoient, cohabitent avec la population des cités, des quartiers et des bidonvilles est en soi significatif à plus d'un titre. Significatif d'abord de l'incurie des gestionnaires, des gouvernants et des élus, obnubilés dans leur grande majorité par le partage de la rente, le clientélisme sur fond de corruption. Significatif aussi de l'incompétence et de l'incapacité de tous ces responsables concernés à faire en sorte que le pays renoue dans les cités, les quartiers et les moindres hameaux de nos campagnes avec les règles élémentaires de l'hygiène publique. Faut-il rappeler qu'on a oublié jusqu'au réflexe d'antan qui consistait à lancer à grands renforts médiatiques avec le peu de moyens de l'après-indépendance de grandes campagnes nationales de dératisation, d'hygiène et de prévention sanitaire. Des campagnes qui ont eu des résultats palpables dans le milieu des années 1970. Retrouver ces traditions serait sans aucun doute, dans ce cas, salutaire.