Les crédits alloués, dans certains secteurs d'activité comme celui de la pêche et de la location d'engins de travaux publics, peuvent parfois atteindre le milliard de Cts. L'agence pour la promotion de l'emploi des jeunes vient d'organiser un séminaire de formation à l'intention de 22 bénéficiaires d'un projet de création de petites entreprises. Ainsi, après plusieurs années d'atermoiements et d'efforts pour l'ensemble des parties, le dispositif d'aide à l'emploi des jeunes, par la création d'activités économiques viables, entame une nouvelle étape dans l'accomplissement de sa mission de soutien. Elle consiste en l'organisation de plusieurs sessions de formation à destination des bénéficiaires de crédits qui se recrutent essentiellement chez la jeunesse désoeuvrée, qu'elle soit universitaire, donc détentrice de diplôme, ou sans aucune qualification. C'est probablement dans l'absence de soutien multiforme et d'accompagnement dans les domaines du management, du marketing et de l'apprentissage des moindres rudiments du métier choisi que les projets auront trouvé justifications à leur échec. Même si l'institution se refuse à dresser un bilan exhaustif de l'état des lieux -sans doute pour ne pas reconnaître ses propres erreurs, mais également pour ne pas dissuader les milliers de jeunes qui n'attendent que le moindre soupçon de soutien pour s'y accrocher et décrocher le fameux quitus de la banque qui autorise tous les espoirs-, il était attendu du dispositif mis en place qu'il fasse l'objet d'une réactualisation et d'une redynamisation. Pour les rares spécialistes qui suivent assidûment le comportement de ce dispositif de soutien, il était évident qu'après plusieurs années de réussites mais également d'échec, le mode de fonctionnement méritait véritablement un lifting. Car, comment s'attendre à des résultas positifs -qui se traduisent par une entrée effective en activité des entités créées et assurant de ce fait leur survie une fois la phase de lancement bouclée-, lorsque on aligne sur la même ligne de départ des candidats dont les qualifications diffèrent de manière significative. Entre ceux ayant effectué des études universitaires, parfois ponctuées de diplômes dans la spécialité choisie pour la création d'une micro entreprise, et ceux n'ayant même pas franchi le seuil de l'enseignement moyen, il y a de telles distorsions qu'au moment de se mettre à la barre de la nouvelle entreprise, les concernés ne partent jamais à chances égales. Ceci pouvait à la limite s'expliquer par la précipitation inhérente au lancement de l'opération, mais par la suite, le dispositif avait suffisamment de temps pour rectifier la trajectoire. Malheureusement, cela ne s'est pas fait. Le résultat, c'est que malgré d'indéniables réussites que l'on doit à la persévérance des opérateurs mais également à leur sens de l'organisation et à la maîtrise des outils de gestion, les échecs sont plus nombreux que ce que l'on croit. Le recours à la justice La méconnaissance des outils de gestion, du marketing, de l'état du marché, notamment en terme d'offre et de demande, ainsi que les contre performances que l'on peut attribuer à une conjoncture défavorable, auront largement contribué à la déliquescence de cette initiative qui semblait si prometteuse. Car il ne faut pas perdre de vue que les crédits alloués, dans certains secteurs d'activité comme celui de la pêche et de la location d'engins de travaux publics, peuvent parfois atteindre le milliard de Cts. Des sommes qui sont loin d'être dérisoires et qui font rêver tous les jeunes à la recherche de la moindre initiative. D'où ce bilan très élogieux qu'affiche l'ANSEJ et qui fait ressortir la création de pas moins de 1652 projets finalisés. C'est-à-dire ayant obtenu le crédit bancaire nécessaire au lancement de leur activité ; le nombre de dossiers déposés à la date du 30 septembre 2007 s'élevant à 7 269 projets. Il est vrai qu'après l'accord de l'agence, c'est au tour des banques de donner leur accord. Sans doute le plus précieux mais également le plus parcimonieux. Car sur un total de 6 151 projets validés par les services de l'ANSEJ, ils ne seront que 2 156 à recevoir la bénédiction des banques. Au passage, ils seront 3 995 jeunes, soit 65%, à subir l'insoutenable humiliation de voir le dossier de financement butter sur la réticence d'un banquier. Pour les 35% d'élus, c'est enfin la délivrance qui sera immédiatement suivie de l'angoisse des premiers remboursements. C'est certainement la crainte de l'échec, ou la recherche d'un profit immédiat, c'est-à-dire à caractère spéculatif, qui inciteront certains bénéficiaires à se séparer de leur micro entreprise à la moindre occasion. Dans la case des échecs, on comptabilise en majorité ceux ayant obtenu un crédit pour une entreprise de transports ; souvent le financement aura permis l'acquisition d'un mini bus de type « Karsan » qui sera immédiatement revendu à un repreneur, trop heureux de l'aubaine. Dans cette transaction, c'est tout le dispositif qui est ébranlé. Car une fois son autocar vendu, le bénéficiaire du crédit tente de se mettre à l'abris en n'honorant plus ses traites. Ce qui incitera l'agence à entamer des procédures lourdes afin de contraindre le contrevenant à assumer ses engagements vis-à-vis de la banque. Lorsque le litige est réglé à l'amiable, incitant le bénéficiaire à rembourser selon un échéancier, la procédure prendra du temps, mais les parties ne sont pas lésées. Mais lorsque le contrevenant refuse de s'engager, c'est la justice qui intervient en dernier recours. On apprendra que 49 affaires sont actuellement pendantes au niveau de l'institution judiciaire. Pour éviter l'embourbement, l'ANSEJ vient de renforcer son service recouvrement. C'est peut être le volume des impayés que l'on évalue à 60% qui incite les banques à plus de retenue. Avec un taux de réussite que l'on peut situer à 40%, le dispositif n'a peut être pas trouvé toutes ses marques. D'où le récent séminaire organisé à la maison de la culture et qui aura certainement profité à ceux l'ayant suivi, notamment en les familiarisant avec la bonne gestion, le marketing et surtout la fiscalité et les assurances qui sont des obligations sociales incontournables. C'est à ce titre que des fonctionnaires chevronnés dans les assurances et les impôts auront été conviés à intervenir afin de sensibiliser les jeunes entrepreneurs à leurs obligations. Malgré ces avatars, le dispositif aura réussi à créer autour des 1652 entreprises, pas moins de 3300 emplois directs. Une performance non négligeable dans la conjoncture actuelle.