« Nous ne cherchons pas à créer des troubles, nous réclamons tout simplement qu'on nous reverse nos salaires. Nous avons des enfants à nourrir ». Plus de trois cents ouvriers du complexe machinisme agricole (CMA) ont bloqué, hier matin, la circulation automobile au niveau de la rocade ouest, réclamant le versement de leurs arriérés de salaire et la reprise de la production. En effet, les protestataires ont occupé, vers 9 h, la route durant presque une demi-heure pour faire entendre leurs voix et attirer l'attention des autorités locales sur la situation catastrophique dans laquelle s'enlise inexorablement l'entreprise. Action qui a abouti à la paralysie de l'axe routier périphérique menant vers la ville d'Oran. Il a fallu, d'ailleurs, l'intervention des brigades anti-émeutes pour disperser la foule, sans incidents notables. « Nous ne cherchons pas à créer des troubles, nous réclamons tout simplement qu'on nous reverse nos salaires. Nous avons des enfants à nourrir », nous interpelle un groupe de travailleurs. La veille déjà, les protestataires avaient assiégé la direction générale et observé un sit-in pour exiger le versement de près de 8 mois d'arriérés de salaires. Pérennité de l'outil de production Dénonçant la « sourde oreille » de la direction générale, les ouvriers ont appelé à une reprise en main du complexe qui, selon eux, dispose d'assez de ressources à même d'assurer la pérennité de l'outil de production. « Depuis huit mois nous sommes réduits à la mendicité, aucune autorité n'a daigné nous venir en aide », disent-ils offusqués. Concernant la gestion de l'entreprise, des membres du conseil de participation (CP) ont tenu à signaler les nombreuses anomalies observées à ce sujet depuis 3 ans. « Aucun inventaire n'a été réalisé depuis 3 ans. Le plus grave, c'est la non certification des bilans durant cette période », ont-ils déclaré. Pour eux, un audit devrait être mené par les responsables de la société de gestion et de participation (SGP) pour situer les défaillances soulevées pourtant en plein conseil d'administration (CA). « Comment expliquer que quelque 1 400 ordres de mission ont été délivrés ces 10 deniers mois, suivant un barème allant de 2 500 à 10 000 dinars par jour et qu'on n'arrive pas à régler les salaires de 400 travailleurs. C'est un grand paradoxe », poursuivent-ils. Cela dit, les protestataires ont réitéré, hier, leur volonté de renouveler leur action et de continuer la protestation jusqu'à satisfaction de leurs revendications salariales. La visite prévue aujourd'hui à Sidi Bel Abbès de Abdelaziz Belkhadem, dans le cadre de la campagne électorale, devrait permettre aux protestataires d'exprimer de vive voix leurs préoccupations au chef du gouvernement.