Il n'y a pas eu d'effet Obama dans les médias français, c'est plutôt celui de Brice Hortefeux qui continue. La place des « minorités visibles » dans les médias est « globalement restée figée au cours de l'année 2007 par rapport à 2006 », selon le rapport annuel du Club Averroès. « Une année ratée », « une année pour rien », « une année de stagnation, voire même de régression », l'association présidée par Amirouche Laïdi n'a pas de mots assez durs pour qualifier les « changements trop modestes » dans l'audiovisuel. Côté télévisions, le club se désole de l'absence de visages colorés à l'écran. Première chaîne française en termes d'audience, TF1, selon le club, se repose sur ses lauriers, après « l'effet de souffle » qu'a constitué la nomination « symbolique » du journaliste Harry Roselmack à la présentation du journal télévisé de 20h. L'arrivée récente sur la chaîne du premier directeur de fictions issu des minorités visibles en France, ne compense pas l'absence de Français issus de l'immigration dans la série quotidienne « Seconde chance » ou l' « absence de visages colorés dans l'équipe d'animation » du nouveau magazine « 10h le Mag ». L'association, qui regroupe des professionnels de l'audiovisuel a pris pour cible privilégiée France Télévisons : « C'est plutôt l'immobilisme qui semble caractériser la situation de la diversité au sein de la holding public ». « Seule chaîne généraliste du secteur public, France 2 connaît une période atone en termes de diversité et la rédaction compte peu de journalistes issus des minorités visibles et son encadrement est exclusivement monocolore ». Averroès donne un satisfecit à France 4, chaîne gratuite de la télévision numérique terrestre (TNT), jugée « la plus en avance sur la diversité », dans ses programmes comme dans ses effectifs. La banlieue toujours morose Pour Amirouche Laïdi, le soufflet est retombé après les espoirs nés après les émeutes de 2005. « Les émeutes dans les banlieues avaient poussé les pouvoirs publics à se saisir du dossier. A l'époque, Jacques Chirac avait convoqué les patrons de chaînes et exigé plus de volontarisme en matière de représentation des minorités visibles. Les pouvoirs du CSA ont été élargis dans le cadre de la loi sur l'égalité des chances, portée par Azouz Begag. Des mesures ont été prises, comme la nomination d'Harry Roselmack à TF1 par exemple. Mais force est de constater que le soufflet est vite retombé ». Le Club est plus indulgent pour Arte, sensible à « la diversité des minorités visibles » et TV5Monde, dans une « position exemplaire », mais qui reste une simple « vitrine vers l'étranger ». Dans les nouvelles chaînes de la TNT gratuites, on est en revanche « loin du compte ». Côté radio, le Club accorde un satisfecit au groupe public Radio France, « le seul à avoir œuvré de manière structurante sur cette question en créant une mission diversité » . Mais les radios privées conventionnées par le CSA ignorent leurs obligations en matière de diversité, notamment Europe 1 qui « s'est toujours distinguée par une quasi absence de diversité sur son antenne ». La presse écrite est aussi dans le collimateur du Club. Elle qui « fustige à longueur de colonnes le manque de diversité dans les autres médias se croit en dehors du débat et ne fait aucun effort visible pour tenter de remédier à ces problèmes au sein de ses rédactions ». Les conclusions du Club rejoignent celles du Conseil supérieur de l'audiovisuel (CSA) qui avait dénoncé le 12 novembre une situation « intolérable » » dans les médias, estimant qu'aucun progrès n'avait été fait en dix ans. « Le Club Averroes a déposé un amendement dans le cadre de la réforme de l'audiovisuel public votée aujourd'hui à l'Assemblée nationale. Cet amendement vise à rendre obligatoire la diversité dans le domaine public, afin d'éviter d'aller jusqu'au système des quotas. Chaque année, les chaînes devront montrer l'évolution au CSA. Si rien n'a changé en un an, l'arsenal législatif pourra être déclenché. Je souhaite étendre cette initiative aussi aux chaînes privées. Il faut amorcer la pompe sinon dans dix ou vingt ans, on sera toujours au même niveau. L'objectif de colorer les écrans est aussi un objectif de cohésion nationale. Il ne faut pas que les minorités se sentent stigmatisées dans le cadre de leur travail, de la recherche d'un appartement ou dans leurs loisirs. Et cet objectif passe par les médias », explique Amirouche Laïdi dans la presse.