Le leader du Rassemblement pour la culture et la démocratie (RCD), Saïd Sadi, a fait hier un procès en règle au régime sur les ondes de la radio Chaîne III. Invité à l'émission « Franchise », le psychiatre Sadi a posé un grave diagnostic de l'état général de la gestion du pays. Et le résultat de l'auscultation du docteur révèle une situation de « décomposition avancée » pratiquement irréversible du régime. Un régime que Saïd Sadi n'hésitera pas à qualifier de « secte » en direct sur les ondes… de choc de la radio nationale. En l'occurrence, le propos de président du RCD a été particulièrement acide à l'égard du président Bouteflika et ses exécutants. Sans s'encombrer de scrupules, le député d'Alger vilipendera une heure durant la volonté du président et de son « clan de Oujda de tout régenter » pour casser les ressorts de la société. Manifestement encore marqué par son passage orageux à l'émission « Baramidjouhoum » (leurs programmes) de l'ENTV, Saïd Sadi s'est rattrapé dans une sorte de deuxième mi- temps, en croisant son tir sur un pouvoir coupable de « régionalisme ». « Que ce comportement soit exprimé dans la rue par des citoyens est à la limite acceptable, mais que le régionalisme soit pris en charge par l'Etat, je le dis publiquement, cela est à la fois scandaleux et dangereux pour la cohésion du pays ! », tonne Sadi. En revanche, Saïd Sadi fait sien le concept de régionalisation dans la gestion des APC à travers une grande marge de manœuvres aux élus locaux « qui connaissent mieux les problèmes de leurs collectivités territoriales ». Et au besoin, le leader du RCD suggère la création d'un pouvoir intermédiaire sous forme « d'assemblées élues » qui servirait de courroie de transmission avec le pouvoir central. Il en veut d'autant plus que les chefs de daïra « ne font rien sinon de bloquer les initiatives des P/APC ». « Vous vous rendez compte qu'un secrétaire général qui est un administratif désigné peut à loisir engager une commune dans des opérations de jumelage avec les villes étrangères et pas le P/APC ! », s'étonne Sadi, soutenant que les maires avec l'état actuel du code communal n'ont strictement aucun pouvoir leur permettant de régler les problèmes des citoyens qui les ont élus. Usant de son sens de la formule, le président du RCD conclut qu'« on a régionalisé les problèmes et centralisé les solutions ! » Régionalisme et régionalisation Au ministre de l'Intérieur, Yazid Zerhouni, qui a envoyé des lettres d'explication aux abstentionnistes, le patron du RCD assènera ceci : « Le seul succès à mettre à l'actif de ce ministre, c'est celui d'avoir discrédité davantage les élections à force de les frauder ! » Corruption ? Voilà un mal qui a gangrené le pays, d'après Saïd Sadi. « Vous ne risquez pas d'être recrutés par ce pouvoir si vous n'avez pas un dossier compromettant en justice. » Pis encore, il pointe un doigt accusateur vers le duo FLN-RND dont les listes électorales seraient, d'après lui, le réceptacle des « corrompus ». Ce qui l'amène à décréter que « la corruption en Algérie s'est institutionnalisée ». La transition faite, Sadi dit « ne pas douter que les P/APC puissent être tentés par l'argent de la collectivité qu'ils gèrent en ce sens que leur modeste indemnité les rend vulnérables ». Quid de l'APN ? Les députés n'ont pas trouvé grâce aux yeux de Saïd Sadi. « Il est scandaleux de constater que cette assemblée censée contrôler l'action de l'Exécutif se montre aussi complaisante devant les détournements à répétition des deniers publics sans qu'elle ne juge utile de créer des commissions d'enquête… Je suis moi-même député, et je sais de quoi je parle... », s'écrie encore le président du RCD, qui « s'inquiète » de l'avenir du pays. « J'espère me tromper dans l'analyse ! », espère tout de même Saïd Sadi pour qui seule une thérapie de choc est à même de sauver l'Algérie « de ce régime ».