La sécurité des salariés ne semble pas être une priorité des employeurs. Les risques professionnels pèsent sur les salariés et la menace d'une altération de leur état de santé qui peut se traduire par une maladie ou un accident hante leur esprit. La prévention de ces risques qui doit être assurée par l'employeur en faisant intervenir le médecin du travail au sein de l'entreprise fait réellement défaut dans certaines d'entre elles. Le nombre d'accidents et de maladies professionnels est en augmentation, c'est ce qui inquiète les médecins du travail réunis depuis lundi dans le cadre du 7e congrès maghrébin de santé du travail. Les travaux de cette rencontre, qui prendront fin aujourd'hui, constituent une opportunité pour faire le point sur la médecine du travail au Maghreb et échanger les expériences, selon le professeur Lamara, président de la Société algérienne de médecine du travail, organisatrice de la manifestation. Pour le professeur Lamara, la prise en charge de la santé des travailleurs nécessite la conjonction de plusieurs disciplines. Il a insisté sur le rôle du médecin du travail au sein de l'entreprise, mais surtout sur le rôle de l'employeur à qui il appartient de faire en sorte de réduire les risques afin d'assurer la sécurité des salariés et de protéger leur santé physique et mentale. Pour le professeur Lamara, les textes de loi existent, mais « malheureusement ils ne sont pas appliqués ». Généralement, les employeurs signent la convention avec les services de la médecine du travail, mais ils ne font pas de suivi ; pourtant la loi est intransigeante. Les employeurs doivent se conformer aux nouvelles normes de santé qui nécessitent « une mise à niveau de ces entreprises », a déclaré le professeur Lamara, en citant l'exemple de la loi française qui oblige l'employeur à élaborer un document unique dans lequel il identifie les risques professionnels de son entreprise compte tenu de l'activité exercée et met en œuvre des actions de prévention avec l'appui du médecin du travail. Pour le président de la Société algérienne de médecine du travail, il est temps de renforcer le contrôle au sein des entreprises par l'inspection du travail. Il est aussi temps de mettre en place une feuille de route afin de procéder au contrôle de certains produits chimiques importés, très dangereux pour la santé. « La gestion de la santé au travail constitue une problématique dans la mesure où le médecin du travail ne joue pas son rôle de préventif au sein de l'entreprise », a relevé Mme Benzaïd de l'Institut supérieur de gestion à Annaba. Le système de gestion de la santé au travail souffre de beaucoup de lacunes qui se caractérisent par l'absence de veille réglementaire, de conditions d'hygiène et de sécurité conformes, de registres d'accidents de travail actualisés ou d'analyse des risques de travail actualisée tenant compte de l'évolution de l'environnement professionnel. Le médecin du travail « est dans beaucoup d'entreprises confiné dans une direction annexe, ne joue pas son rôle primaire, celui de la prévention et de la prise en charge des soins au niveau de l'entreprise », a-t-elle déploré. Selon elle, il est important de privilégier et d'investir dans le préventif au lieu du curatif, en investissant dans l'élément humain.