L'environnement dans lequel évolue le salarié exige un meilleur contrôle d'hygiène et de sécurité. De même, le salarié doit pouvoir être apte physiquement et psychologiquement à assurer le travail par lequel il est lié à son employeur. C'est à ce titre que la loi impose à tout employeur exerçant en Algérie de se doter d'une médecine du travail. Ce dernier a ainsi pour mission préventive de contrôler régulièrement la santé des travailleurs, tout en veillant à ce que le lieu de travail soit conforme aux normes d'hygiène et de sécurité. Si la loi est claire à ce sujet, il apparaît sur le terrain que peu d'entreprises ont recours à la médecine du travail. « Les employeurs n'ont pas encore compris que nombre d'accidents du travail voire de décès suite à une maladie professionnelle seraient évités s'ils recouraient à un médecin du travail », argumente M. Mezaâche Bachir de la direction de la prévention à la CNAS lors d'un séminaire sur la médecine du travail, tenu hier à l'Ecole nationale de santé publique, à Alger. Et d'ajouter : « Les pays industrialisés ont compris que pour augmenter leur productivité, il fallait pouvoir compter sur des salariés sains et performants, et la seule manière d'y parvenir est de contrôler leur état de santé tout en assurant un cadre de travail approprié. La médecine du travail coûte cher mais c'est un investissement qui, à long terme, porte ses fruits. » Cette prise de conscience, qui n'a pas encore touché les chefs d'entreprise algériens, commence à s'insinuer depuis peu grâce à l'assistance des pouvoirs publics. Rappelons qu'il n'est pas sans intérêt pour les autorités et pour la CNAS d'amener ces acteurs économiques à contracter des conventions avec les secteurs de santé pour bénéficier des services d'un médecin du travail. En effet, « 8 milliards de dinars ont été déboursés par la CNAS au cours de l'exercice de l'année 2003 pour les indemnités d'accidents du travail », rapporte M. Mezzaâche. S'il est vrai que du point de vue légal, la caisse a toute latitude de se retourner contre l'employeur en cas d'accident du travail, et que la négligence ou la faute de celui-ci est prouvée, la CNAS use rarement de cette prérogative. « Nous sommes en phase de persuasion et d'incitation », explique M. Mezzaâche. Aussi, la rencontre qui a regroupé des professionnels de la santé a permis de mettre le doigt sur l'absence ou l'irrégularité de la collaboration de l'Inspection du travail ou de l'employeur avec le ministère de la Santé ou la CNAS. Autant de barrières qui se traduisent en coût pour l'économie algérienne.