Le tribunal correctionnel d'El Khroub (Constantine) a rendu hier son verdict dans l'affaire des enfants circoncis, en condamnant les deux chirurgiens, Ahmed Boumezbar et Abdelhalim Djebbari, poursuivis pour négligence médicale ayant entraîné un handicap permanent, à une peine de 4 mois de prison avec sursis chacun, assortie d'une amende de 5000 DA. Les deux techniciens de la santé, Amor Bahez et Chater Bacha Samir, incriminés également dans cette affaire, ont été quant à eux acquittés. Ce même tribunal s'est déclaré par ailleurs incompétent sur le volet du dédommagement des victimes. Quant aux avocats de la partie civile, ces derniers comptent faire appel. Le verdict, qui a été prononcé en l'absence des deux médecins, de l'un des deux infirmiers et des représentants de la mairie d'El Khroub, a suscité un sentiment de déception mêlé à de la révolte, celle des parents des victimes. Approchés par nos soins, ces parents, notamment ceux de Yacine et Hocine, les deux enfants les plus affectés parmi les neuf victimes, et qui se sont vu mutiler la verge, nous ont souligné leur indignation quant au jugement qu'ils qualifient de « scandaleux ». Ils disent être déterminés à aller jusqu'au bout en usant de tous les moyens qu'ils jugeront légaux pour voir les coupables jugés de nouveau. Au sortir du tribunal, Abdelhamid Bélaïd, père de Yacine, affirme que les promesses du ministre de la Santé, qui s'était engagé officiellement, rappelons-le, au lendemain du drame du mois de Ramadhan 2005, à prendre en charge les soins des victimes, et « de brûler les fautifs comme ils ont brûlé ces enfants », selon ses propres propos, ont fait hélas illusion ! Ne sachant à quel saint se vouer, ces parents estiment que seul le premier magistrat du pays est capable de leur rendre justice, à eux et à leurs enfants. Les avocats des victimes, qui avaient demandé la requalification des faits en crime lors du procès qui s'est tenu le 14 novembre 2007, disent que la circoncision collective des 87 enfants, qui s'est déroulée dans une classe d'école, s'est transformée en fait, en un « abattoir » où les médecins semblaient battre le record en deux heures de temps.
