Cent quatre-vingt dix gouvernements du monde entier se réunissent jusqu'à vendredi prochain à Bali (Indonésie) sous l'égide des Nations unies. Les enjeux de cette nouvelle rencontre, avec les explications de Mohamed Senouci, membre du groupe intergouvernemental sur l'évolution du climat. Au programme de cette conférence : La préparation d'un calendrier de discussions pour prolonger au-delà de 2012, le protocole de Kyoto sur la réduction des gaz à effet de serre. Mais ce traité n'est-il pas un peu désuet ? « Si. Les pays qui l'ont ratifié se sont engagés à réduire leurs émissions de gaz à effet de serre de 5% alors que les scientifiques ont, depuis, déclaré que ce n'était pas suffisant et qu'il fallait les diminuer de 80% », souligne le spécialiste. Toutefois, la conférence de Bali ne débouchera pas sur la fixation de nouveaux critères de réduction des gaz à effets de serre. Son objectif est plus modestement d'arrêter une feuille de route pour parvenir au traité sur l'après-Kyoto, fin 2009, qui pourrait être signé à Copenhague. » Pourquoi l'Australie a-t-elle accepté de ratifier le protocole alors que les Etats-Unis refusent toujours de le faire ? « Il faut y voir le poids d'une politique interne. Les récentes élections en Australie ont été largement axées sur la question climatique. Et cette décision de ratifier le protocole isole de plus en plus les Etats-Unis, note Mohamed Senouci. Ces derniers ne ratifieront pas le traité en l'état mais le changement d'administration pourrait ouvrir une nouvelle voie. La société civile américaine est très active, les scientifiques envoient des messages très forts et des Etats ont déjà pris des initiatives locales. D'après l'Agence internationale de l'énergie, les Chinois devraient très bientôt détrôner les Américains en tête du classement des plus gros pollueurs de la planète (22% des émissions mondiales des gaz à effet de serre). Quant à l'Inde, elle devrait être le troisième plus gros émetteur en 2015. Quel rôle jouent ces deux pays dans les négociations ? « Il est clair que l'issue des négociations va largement dépendre de la décision de la Chine et de l'Inde. Est-ce qu'elles vont choisir de faire cavaliers seuls ou vont-elles entraîner dans leur sillage les autres pays en voie de développement ? La Chine s'est engagée à réduire son intensité énergétique (rapport de la consommation d'énergie à la production) de 20% d'ici 2010 mais refuse toujours de plafonner ses émissions de gaz à effet de serre. Même chose du côté des Indiens qui soutiennent que leurs émissions par personne seraient trois fois inférieures à celles permises aux Etats-Unis et en Europe. Trouver un moyen de freiner la déforestation responsable de 20% des émissions de gaz carbonique, est aussi une des priorités de Bali. « Oui. Jusqu'à maintenant, les mesures ont toujours favorisé le développement des énergies renouvelables, « excluant » d'une certaine façon la lutte contre la déforestation. On pensait que replanter massivement des monocultures était dangereux, précise l'expert. Mais les choses avancent et il est désormais admis que le reboisement est aussi un moyen de récupérer du carbone. » Le protocole de Kyoto (1997) est l'unique outil international pour freiner les émissions de gaz à effet de serre (GES), qui approchent des niveaux records. Les scientifiques recommandent de les diviser par deux, d'ici 2050 (80% pour les pays industrialisés).