Le tribunal administratif près la cour de justice de Tiaret, après recours introduit par le FLN, a décidé mercredi en début d'après-midi l'annulation des résultats dans certains bureaux de vote dans deux communes de la wilaya (Tiaret et Sidi Abderrahmane) à cause de certaines irrégularités, voire de graves dépassements constatés à l'issue du vote du 29 novembre dernier. La décision d'annulation intervenant à quelques minutes de l'installation du maire RND à Tiaret a fait l'effet d'un grand coup de tonnerre dans une ambiance jusque-là sereine, à la limite du politiquement correct vécu par les partis en conflit, principalement le FLN et le RND. La juridiction qui a eu à se prononcer mercredi dernier sur deux des quatre recours introduits avait jugé « recevables et fondés les arguments développés » tant au constat d'écarts entre inscrits et votants dans un bureau, voire même la signature de procès-verbaux à blanc est venue s'ajouter au grand scandale lié au vote des morts au centre de vote Bourokba Halima, dans la frondeuse commune de Sidi Abderrahmane, plus précisément au bureau 14 (hommes) avec 180 inscrits et bureau 2 (femmes) où étaient inscrites 190 électrices. Certains, sans confirmation officielle, avaient même évoqué le bourrage d'urnes dans cette contrée ou deux grandes tribus continuent à se livrer une rude bataille depuis l'incarcération du maire sortant d'obédience RND pour une sombre affaire d'emploi fictif du fils. La décision d'annulation a suscité des réactions mitigées, mêlées à des tentatives de grossières manipulations, mais aussi joies et déceptions dans les camps opposés. A Sidi Abderrahmane, la tournure ainsi prise semble largement profiter au FLN, quelque peu grugé par cette fraude flagrante, à voir par exemple un parent du maire porté votant, alors qu'il est décédé en 2002. Sorti vainqueur avec 47 voix de plus à la faveur des résultats ainsi annulés, le RND risque, si le Conseil d'Etat, saisi par la wilaya tout autant que par la commune de Tiaret, confirme l'arrêt, de céder sa place au FLN. Le chef-lieu de la wilaya de Tiaret, ainsi désavoué, a déjà dressé par l'entremise de son avocat un rapport pour infléchir la décision du juge. Le FLN qui ne semble pas savourer ce succès psychologique, galvanisé il est vrai par l'intronisation du P/APW-FLN, Kadda Benaouda qui succède ainsi avec 41 sur 43 voix à son frère Kadour dit attendre les conclusions du Conseil d'Etat pour lesquelles a été chargé le célèbre avocat qui a plaidé la cause du parti au soir du 8e congrès du FLN annulé. Au-delà des supputations, des sentiments refoulés, des connivences et de la décision de justice diversement interprétée, il subsiste dans le fond des responsabilités à situer dans cette fraude réelle ou supposée, pour rendre toute leur crédibilité à ces élections pluralistes.