Le cimetière européen de la ville coloniale de l'ex- Fort National n'est plus aujourd'hui qu'un vieux souvenir dans la mémoire collective des habitants de la région. C'est durant les années 1970 que l'essentiel du sinistre qui a touché le site du cimetière s'était produit. En effet, l'emplacement de Thimoqvarth Urumi ( cimetière chrétien) en contrebas de l'agglomération avait bien donné des idées à l'époque pour implanter sur les lieux une cité d'habitation de type « cité-dortoir » qui allait être par la suite appelée « la cité fantôme ». Forte de son histoire et son calendrier révolutionnaire, les responsables de la ville de Larbâa Nath Irathen pouvaient certainement éviter de s'attaquer volontairement à un sanctuaire des morts pour installer à sa place un groupement résidentiel. « Le drame est réel puisque l'agression s'est produite au nom des autorités publiques pour édifier des structures publiques sans tenir compte le moins possible du droit que la mémoire de ces disparus pouvait avoir sur le sol et la raison », s'indigne un septuagénaire en retraite. En effet, la destruction massive et la profanation des tombes s'étaient opérées au su et au vu de tout le monde, raconte-t-on. On a préféré construire des bâtiments durant les années 1980 mais qui pouvaient être réalisés ailleurs, vu la disponibilité foncière à l'époque.
