Faut-il continuer à former en grand nombre sans créer de débouchés pour les diplômés qui sortent chaque année des universités, instituts et centres de formation et de l'enseignement professionnels ? La poursuite dans cette voie, que d'aucuns qualifient d'acte anti-économique et social, fait perdre au trésor public des sommes faramineuses sans contrepartie, et occasionne un gaspillage à grande échelle des ressources humaines. Ce problème n'incombe pas à l'appareil de formation, mais interpelle directement les pouvoirs publics sur la nécessité de trouver des débouchées à même de drainer cette formidable force de travail qui ne demande qu'à être intégrée et utilisée dans le développement du pays. Des milliers de diplômés viennent grossir chaque année les rangs des chômeurs, quelques-uns seulement d'entre eux auront la chance de décrocher un emploi, qui ne correspond pas généralement à leur profil professionnel. Il n'est pas étonnant de trouver un diplômé universitaire occupant un poste d'agent de sécurité ou de femme de ménage. L'absence d'investissements d'envergure est l'une des principales causes de cette situation, et les projets lancés, à l'exemple du programme d'un million de logements et de l'auroute Est-ouest, se sont avérés insuffisants pour résorber le chômage, qui se pose avec une acuité particulière, dans les zones rurales surtout. Par ailleurs, l'effort de formation déployé par l'Etat ne semble pas être apprécié à sa juste valeur par les opérateurs économiques en matière de choix des métiers. A Annaba, où près de 12 000 jeunes suivent une formation dans diverses spécialités, les opérateurs économiques soulèvent l'absence de main-d'œuvre qualifiée, notamment dans les secteurs de l'habitat et des travaux publics, c'est dire que l'équation formation-emploi mérite d'être prise en considération, si l'on veut construire une économie forte et intégrée où les secteurs d'activités devront fonctionner dans la complémentarité et la solidarité. Former des informaticiens, des biologistes, des mécaniciens ou des menuisiers, sans penser à leur placement, c'est tout simplement investir de l'argent en l'air. Les dispositifs de soutien de l'Etat à la création d'activités par les jeunes promoteurs-chômeurs pourraient constituer une alternative pour une vraie politique de plein emploi, à condition que l'environnement soit propice à cela. Les projets, initiés par les diplômés chômeurs, ont peu de chance d'aboutir à cause des réticences des banques publiques qui n'accordent des crédits qu'au compte-gouttes. A titre illustratif, plus de 100 accords bancaires ont seulement été octroyés aux postulants inscrits au niveau de l'agence nationale de l'emploi des jeunes (Ansej) de Annaba sur près de 6 000 dossiers éligibles à l'investissement. Il faut dire que ce résultat a été quand même jugé positif par rapport à ceux des précédentes années. Pour 2006, l'Ansej a enregistré l'octroi de 135 crédits bancaires aux promoteurs sans emploi. La levée totale des contraintes d'accès au crédit bancaire est de nature à contribuer à la création de multiples microentreprises qui peuvent apporter un plus à l'édification d'une économie intégrée et, par la même occasion, remédier à la désarticulation entre les différents secteurs d'activités.