Dans la plateforme de revendications, les protestataires réclament le règlement des salaires au plus tard avant la fête de l'Aïd El Adha, l'établissement d'un calendrier explicite pour la mise en œuvre d'une stratégie de privatisation, la finalisation du protocole d'accord. La grogne a atteint son paroxysme à l'entreprise Digromed. Hier, les travailleurs ont observé une journée de protestation pour « dénoncer essentiellement le retard dans le règlement des salaires, l'état du laisser-aller et la mise à mort de leur entreprise. » Les employés, pour la plupart des chefs de famille, déplorent la dégradation au fil des jours de la situation de l'entreprise et inévitablement l'étau qui se resserre autour d'eux. Ils dénoncent le mal-vivre, généré entre autres par le retard d'un mois enregistré dans le versement des salaires qui s'est multiplié par trois ou quatre sans aucune garantie, ni délais de paiement et également la mauvaise gestion des affaires de l'entreprise ; le désaccord avec la banque « ligne d'aval bloquée, découvert important dans les comptes de plusieurs unités, résultats négatifs inscrits dans le bilan rendent l'entreprise insolvable », expliquent les travailleurs qui énumèrent la liste encore longue des incohérences, à savoir le retard des paiements des cotisations de la CNAS et la difficulté accrue dans la trésorerie. Dans la plateforme de revendications, les protestataires réclament le règlement des salaires au plus tard avant la fête de l'Aïd El Adha, l'établissement d'un calendrier explicite pour la mise en œuvre d'une stratégie de privatisation, la finalisation du protocole d'accord ainsi que sa mise en place et enfin un arbitrage avec les sociétés apparentées du portefeuille concernant le règlement des créances. Faut-il rappeler que l'ISP Digromed est une entreprise publique et économique, spécialisée dans la distribution en gros et demi-gros des produits pharmaceutiques, elle fut créée en 1998, après la mise en liquidation des trois pharms (Est, Ouest et Centre), l'extension opérée dans son registre du commerce porte sur l'importation des médicaments, le contrôle de qualité, le transport des marchandises et la maintenance de son parc roulant. Dès sa création, l'entreprise, témoignent les travailleurs, a été le leader dans le domaine du médicament avec 40% du marché national, bénéficiant d'une marge de vente satisfaisante, employant près de 1300 travailleurs et possédant de grandes capacités de stockage (plus de 600 000 m2), composées d'unités et succursales commerciales bien situées sur tout le territoire national. Cependant, au fil des années, les gestionnaires de l'entreprise, selon les travailleurs, n'ont pas été à la hauteur et l'entreprise s'est davantage affaiblie avec notamment la concurrence qui est devenue rude avec l'avènement sur le marché de nouveaux opérateurs dans le domaine du médicament. Le résultat ne peut donc qu'être négatif, le chiffre d'affaires a chuté, le niveau des stocks a baissé, la marge de vente a reculé pour ne valoir que 1% de la part du marché, ce qui a rendu dérisoire la marge brute et la valeur ajoutée, ne permettant même pas de couvrir les frais du personnel. La dette et la créance ont atteint des sommes vertigineuses et par conséquent l'entreprise n'est plus solvable auprès de la banque et l'état de faillite menace les travailleurs qui n'ont pas touché leurs salaires depuis plusieurs mois. De l'avis des travailleurs, des rencontres ont eu lieu entre le propriétaire de l'entreprise, la GEPHAC, sous l'égide de la FNTS/UGTA et aussi avec la direction générale afin de désamorcer la situation, en vain. « Aucune solution appropriée n'a été trouvée à la crise financière qui asphyxie l'entreprise », regrettent les travailleurs. Plus récemment, une nouvelle formule a été élaborée portant sur la cession de certains sites et unités commerciales dans le cadre de la mise en application du processus de privatisation des EPE pour pouvoir financer l'application du protocole d'accord composé de deux volets (le départ volontaire et le départ en retraite). Ce protocole a été élaboré avec la participation du partenaire social et une parfaite connaissance de son contenu des responsables de la FNTS/UGTA. Il y a eu également un autre chapitre, réservé à la reprise de certaines unités par les travailleurs ; cession d'actif dont un texte de loi a été mis en place. Sur ce point, les travailleurs ont fait part de l'existence actuellement de dossiers finalisés de certaines unités qui n'attendent que l'aval du propriétaire pour pouvoir concrétiser la cession au profit des travailleurs. Malheureusement, jusqu'à l'heure, aucun projet n'a vu le jour et la situation s'empire, d'où le recours des travailleurs à une journée de protestation.