L'Algérie a été classée dans la catégorie des pays qui présentent un risque élevé en matière de sécurité par le cabinet anglais Control Risks Group (CRG), spécialisé en consultation internationale du risque d'affaires. Cet organisme élabore chaque année une carte géographique à l'intention des investisseurs pour déterminer les régions à risque et où la situation n'est pas stable. Les entreprises prennent souvent les recommandations du CRG en considération avant d'investir dans un pays. Control Risks Group a été créé en 1975. Il compte 5300 clients, dont les 86 entreprises américaines considérées comme étant les plus riches. Ces clients sont répartis dans 130 pays. L'analyse du CRG concerne 195 pays. Pour ce cabinet qui a présenté il y a quelques jours l'édition 2005 de sa carte, ses analyses annuelles et ses prévisions sécuritaires et politiques à travers le monde, l'investissement dans un pays où la situation sécuritaire est incertaine reste possible mais peut tout de même buter sur des conditions difficiles ou qui laissent penser qu'une conjoncture difficile peut intervenir dans l'avenir immédiat. En clair, « les institutions politiques ne fonctionnent pas de manière efficace, les structures de régulation sont faibles et les décisions judiciaires sont arbitraires » dans les zones jugées à risque, selon le cabinet anglais. Et de poursuivre : « Il y a peu de sécurité pour les investissements (...) Les conditions économiques et politiques peuvent devenir rapidement instables. » L'Algérie occupe les mêmes loges que l'Afghanistan, le Nigeria, le Venezuela et les territoires occupés palestiniens. En tout, 44 pays ont été classés dans cette catégorie. L'Irak, la Somalie et le Tajikistan sont considérés comme étant des régions où le risque sécuritaire est extrêmement élevé. Il est toutefois indiqué que le risque sécuritaire est moyen dans la région du Sahara. L'Algérie fait également partie des 73 pays où « le risque politique » est moyen. Dans un contexte de risque politique moyen, les projets d'investissement peuvent être confrontés à « la corruption, à l'hostilité de groupes puissants, à des restrictions aux importations ou aux exportations », note Control Risks. L'Algérie aurait donc été épinglée pour les pratiques de corruption qui, selon une étude récente de la Banque mondiale, « représente en moyenne 6% du chiffre d'affaires (CA) des entreprises en Algérie ». La corruption est une contrainte majeure dans le climat des investissements en Algérie. 75% des entreprises algériennes reconnaissent avoir versé des pots-de-vin lorsqu'elles ont affaire aux agents de l'Etat et beaucoup jugent que la corruption est le problème qui les gêne le plus, avait en effet asséné l'institution de Bretton Woods. L'adoption de l'article 46 de la loi de finances 2004 relatif à l'interdiction de l'importation de vins et sa reconduction probable (actuellement en discussion au Sénat) au titre de l'année 2005 ont, elles aussi, semble-t-il porté un coup à l'image de marque de l'Algérie. Est-ce à dire que l'Algérie, qui a entrepris ces dernières années de soigner son image à l'extérieur après des années de terrorisme et d'instabilité politique et économique, a échoué ? Il faut dire que si, pour la situation sécuritaire, une amélioration notable a été constatée, il n'en est pas de même pour l'économie, où les réformes n'ont toujours pas été amorcées d'une manière effective. Il faudrait davantage d'ingéniosité pour convaincre les investisseurs et leur donner confiance. Les institutions internationales, dont le Fonds monétaire international (FMI) et la Banque mondiale, avaient recommandé à l'Algérie de mettre en œuvre les réformes car le contexte s'y prêtait. Le Fmi avait insisté sur la nécessité que « les réformes structurelles et institutionnelles doivent être accélérées afin que le taux de croissance soit plus élevé ».