La Ligue algérienne pour la défense des droits de l'homme (LADDH), aile de Me Hocine Zehouane, se prononce contre la révision constitutionnelle préconisée par le FLN. « Non à la révision constitutionnelle, oui à une refondation institutionnelle », déclare le président de la LADDH lors d'une conférence-débat, organisée hier à Alger, à l'occasion de la célébration du 59e anniversaire de la déclaration universelle des droits de l'homme. Pour étayer ses dires, l'orateur affirme que la révision de la loi fondamentale du pays ne résoudra pas les multiples crises dont souffre l'Algérie, d'autant que les institutions en créent d'autres chaque 5 ans. Pour entreprendre cette refondation, précise Hocine Zehouane, il faut que l'élite algérienne s'engage et engage des réflexions autour de cette question. « Où sont les constitutionnalistes algériens ? », s'interroge-t-il, en assurant que la LADDH est en mesure de contribuer à cette démarche nécessaire. L'interlocuteur critique également la réforme du système judiciaire engagée par le gouvernement. « Les commissions de réforme de la justice sont restées secrètes », lance-t-il. Revenant sur la question des droits de l'homme en Algérie, Me Zehouane dresse un tableau sombre de la situation. L'Algérie, selon lui, est très en retard par rapport à ses voisins marocain et tunisien au niveau de l'organisation de la société civile. « Il n'y a pas de droits de l'homme dans ce pays », tranche-t-il, en citant tous les verrouillages administratifs auxquels font face les militants des droits de l'homme. L'Etat d'urgence qui dure depuis 15 ans, le blocage de l'organisation de la société civile et le comportement des institutions du pays constituent, insiste-t-il, des éléments ayant mené à la dégradation de la situation des droits de l'homme. Il fustige, dans la foulée, le refus des agents de l'administration de répondre aux demandes d'autorisation d'organiser des activités formulées par les organisations des droits de l'homme. « Les institutions ne respectent même pas leurs lois et décisions. Elles poussent le cynisme jusqu'à ne pas répondre à nos demandes. Je ne peux que considérer cela comme un déni du service publique », dénonce-t-il, avant d'ajouter : « Nous sommes le pays des aberrations. » Plaidant pour la suppression du préalable de l'autorisation pour l'organisation des rencontres et conférences, Hocine Zehouane appelle les militants des droits de l'homme à se mobiliser en vue « de réaliser le sursaut indispensable pour faire éclater les carcans ». Poursuivant son analyse, il dira également qu'il y a toujours possibilité d'atteindre cet objectif, si les citoyens prennent conscience de la situation et s'organisent afin d'exercer leur citoyenneté. « Il faut institutionnaliser les droits de l'homme dans notre société. Il faut avoir notre part d'humanité », dit-il, en affirmant que ce slogan sera désormais la devise de la LADDH.