Les soulèvements populaires sont improductifs quand ils ne sont pas encadrés politiquement. 5 Octobre 1988, 5 octobre 2008, 20 ans après, quelle visibilité pour l'avenir de l'Algérie? «Ce débat mérite quelques sacrifices tels que la mise des égocentriques politiques au vestiaire pour la sauvegarde de ce pays et des générations futures», répond d'emblée le président de la Ligue algérienne pour la défense des droits de l'homme (Laddh), Me Hocine Zehouane, au cours d'une conférence de presse qu'il a animée hier en son siège à Alger à l'occasion du 20e anniversaire des événements du 5 Octobre 1988. «20 ans après, nous sommes toujours dans l'incertitude sécuritaire, constitutionnelle et institutionnelle», souligne l'orateur. Comme un volcan qui se réveille, ce mouvement de protestation qui a poussé les jeunes à sortir dans la rue pour crier leur détresse, a été engendré par une rupture avec le système qui prévalait à l'époque, selon le conférencier. A ses yeux, la cause profonde de cette rupture était «l'inadéquation du gouvernement avec le système social». Et d'enchaîner: «L'Algérie de 1988 avec ses 25 millions d'habitants n'était plus celle de 1962 avec ses 8 millions d'habitants.» Dans une autre optique, le président de la Laddh a mis l'accent sur l'échec de ce soulèvement populaire. Pour lui, «en aucun moment, les manifestations du 5 Octobre 1988 n'ont appelé à la démocratie. Notre pays se trouve toujours dans l'impasse, sur tous les plans». Alors quelle leçon peut-on tirer de ce soulèvement? Selon l'orateur, la leçon majeure est «la crainte d'une réédition de manifestations dans la rue». Plus explicite, il a précisé que jusqu'à présent, «nous n'avons eu que des protestations négatives. Les soulèvements populaires sont improductifs quand ils ne sont pas encadrés politiquement. La lutte doit se faire de façon pacifique. A ce moment-là, on peut dire qu'on a amorcé une ère de démocratie». Au plan économique, l'orateur a indiqué que la facture de nos importations a triplé depuis 1988, en enregistrant plus de 30 milliards de dollars. «On continue à nous mentir en disant que l'Algérie est un pays riche. Alors que notre pays vit à la limite de sa rente pétrolière», a-t-il martelé et d'ajouter que le sort de l'Algérie est lié à son système de production. A ce propos, il préconise la création «d'une économie productive hors hydrocarburess». Abordant l'actualité politique, notamment la révision constitutionnelle et sa polémique autour du 3e mandat présidentiel, Me Zehouane estime que «nous devrions avoir des mécanismes de gestion politique stables.Il faut assurer la stabilité gouvernementale». Il clamera son opposition à une révision constitutionnelle tout en plaidant en faveur «d'une refondation constitutionnelle à même d'offrir d'autres perspectives au peuple algérien pour la sortie de crise et rebondir suivant une dynamique nouvelle».