De la haine, de la folie vengeresse et une soumission aveugle aux chefs d'Al Qaïda. C'est ce à quoi se résume le communiqué du GSPC (Al Qaïda au Maghreb islamique, AQMI) revendiquant le double attentat meurtrier d'Alger. Servi comme à l'accoutumée dans un arabe châtié, avec de mots extrêmement durs à l'égard des Algériens et des étrangers qualifiés de « renégats » et d'« apostats », le texte – tard dans la soirée de mardi sur un site internet islamiste – offre un large éventail d'informations et de lectures. Le cynisme y est également omniprésent. « A la veille de l'Aïd El Adha, nous annonçons à la nation musulmane la bonne nouvelle : le succès de deux opérations martyres perpétrées par (...) deux héros à Alger pour défendre la nation de l'islam et humilier les croisés et leurs agents, les esclaves des Etats-Unis et les fils de la France », lit-on dans le communiqué. Dans ce document, qui n'a pas encore été authentifié, le GSPC donne des indications tronquées sur l'identité des auteurs des attentats perpétrés contre les sièges du Conseil constitutionnel et du Haut Commissariat aux réfugiés (HCR). Il s'agit de Abderrahmane Abu Abdennacer Al Assimi et Cheikh Ibrahim Abu Othman, placés sous le commandement du nouvel « émir » de la région Centre du GSPC, Houdaïfa Abou Younès Al Acimi, successeur d'Abou Haïdara, appelé aussi Redouane Fassila, qui a été abattu le 8 octobre dernier par les services de sécurité. La « vengeance » comme mobile de la boucherie du 11 décembre revient souvent dans ledit communiqué, au même titre que l'allégeance franche et sans équivoque à Al Qaïda. Dans l'exposé des motifs, les rédacteurs du communiqué insistent particulièrement sur ces deux axes. Les deux opérations kamikazes ont fait « voler en éclats la fable selon laquelle le noyau dur de notre groupe a été neutralisé », référence faite aux multiples coups de filet des services de sécurité durant ces deux derniers mois. C'est également un « rappel (…) aux croisés qui occupent nos terres et pillent nos richesses » qui se doivent désormais de prêter une « oreille attentive aux exigences et aux discours » d'Oussama Ben Laden. Le HCR et le Conseil constitutionnel, qualifiés par l'organisation terroriste de « fiefs » de « l'apostasie mondiale » et des « renégats » ont été ciblés pour « tirer vengeance » pour les « martyrs » du GSPC et prouver la « solidité et la force » de celui-ci. Le groupe ne se prive pas de lancer de nouvelles menaces. « Les moudjahidine, prévient-on, du Maghreb se bousculent pour les opérations martyres qui continueront jusqu'à la libération de toute la terre d'islam (...). » Dans le même communiqué, le GSPC revendique plusieurs autres opérations terroristes dont l'attaque de l'aéroport de Djanet, le 8 novembre dernier. Cette attaque que certaines sources avaient imputées au « mouvement pour l'autonomie du Grand Sahara ». La revendication est parvenue plus d'un mois après les faits. Dans l'analyse du document que nous livre le journaliste et spécialiste de la mouvance islamiste H'mida Layachi, on note le retour des « vétérans » du GIA dont Yahia Abu Amar, « émir de la région Sud » et « l'affaiblissement des idéologues » au profit des « hommes de terrain ». Les citations coraniques, « présentes dans les anciens communiqués du GSPC sont, dit-il, réduites à leur plus simple expression ». Cela dénote des larges « concessions » faites par les salafistes au bénéfice des djihadistes égyptiens, dont Ayman Zahwahiri, le numéro 2 d'Al Qaïda, est le représentant. Le discours développé par le GSPC à travers son communiqué est, fait-il encore remarquer, beaucoup « plus politique » que « religieux ». L'usage répétitif des concepts de « ridda » et « koffar » (renégat et apostat, la classification des ennemis, les « esclaves des Américains en premier, ensuite les fils de la France en second et la disparition des mots comme taghout (despote) » sont autant de signes, selon le journaliste, d'une montée en puissance des takfiristes au sein du GSPC. A la tête du GIA en 1997, les takfiristes avaient condamné la société algérienne à disparaître. C'était l'époque sanglante des massacres collectifs.