Rien ne va plus à l'université de Béjaïa. Alors que l'on s'attendait à un dénouement de la situation, les étudiants des deux campus d'Aboudaou et de Targua Ouzemour ont plutôt durci leur mouvement de protestation en entamant une grève illimitée depuis mardi dernier. L'appel avait été lancé par la coordination universitaire des syndicats autonomes à laquelle se sont joints les comités de cinq cités universitaires, à savoir les 1000 Lits, Pépinière, Irayahen, Aâmriw et Targua Ouzemour. Outre les « défaillances » des œuvres universitaires (hébergement, hygiène, restauration et transport), les étudiants dénoncent aussi, dans une plateforme de revendication restée jusque-là sans suite, la situation « chaotique » vécue dans les deux campus universitaires, tout en insistant sur l'enrichissement en ouvrages des bibliothèques et l'intégration d'enseignants gradués dans l'encadrement pédagogique (thèses de magistère et de doctorat). C'est donc sur le volet sociopédagogique que les revendications de la coordination universitaire se sont essentiellement axées. Approchés, les étudiants étaient unanimes à décrier la gestion de la DOU (la direction des oeuvres universitaires) en affichant leur résolution à maintenir le bras de fer jusqu'à satisfaction entière de leurs revendications. À l'entrée du campus d'Aboudaou, les manifestants, debout ou cloués à leurs chaises, refusent toute forme de négociation avec leurs enseignants allant dans le sens de la reprise des cours. Sur les lieux, l'état des matelas usés, déposés par terre, attestent de prime abord du calvaire enduré par les résidents des cités universitaires. « Nous sommes plus que jamais déterminés à maintenir la grève jusqu'à aboutissement de nos revendications légitimes. Nous vivons le calvaire au quotidien et nos responsables doivent s'atteler à y remédier. Nos camarades résidant à la cité d'El Kseur vivent dans l'insécurité. Il est temps de mettre fin à cette situation de plus en plus dégradée », fulmine Farida, étudiante en 1ère année. C'est le même avis que partage Fateh, étudiant en sciences techniques, qui compte sur l'appui d'autres universités du pays à l'image de celles de Tizi Ouzou, Bouira, et Sétif qui « sont prêtes à joindre le mouvement de protestation ». « Plus de 400 étudiants n'ont pas à ce jour de chambre. Pis, certains de nos camarades ont élu domicile dans les cafétérias du coin », nous apprend cet étudiant qui fustige la gestion des œuvres universitaires.