Lorsqu'il quitta Saïda « pour aller sous des cieux plus cléments », durant l'année 1994, Chadli Ali, âgé alors de vingt ans, était loin de se douter que sa vie allait basculer. Optant pour l'émigration clandestine, après avoir bourlingué à travers la France pendant trois ans, il se rendit finalement en Allemagne et s'y installa en 1997. Là, il fit la connaissance d'une allemande et de cette union naquit une fille. « Comme le couple était illégitime, dira Chadli, nous avons décidé ma femme et moi d'officialiser le mariage, chose qui a été refusée par les autorités allemandes, se basant sur le motif que j'étais un sans papiers. Le 5 janvier 2005, j'ai fait l'objet d'une mesure d'expulsion vers mon pays, en raison semble t-il d'un faux et usage de faux que j'avais commis en Algérie. Au niveau de l'aéroport d'Alger, j'ai été interrogé par les services de police des frontières, afin de prouver mon identité et ma nationalité. J'ai déclaré que je portais le nom de Chabi Benali, qui a été rectifié par décision de M. le procureur de la République, de Saida, prise sous le n° 1317 en date du 25/06/1984 et depuis lors, je porte le nom de Chadli Ali. Mon identité ayant été mise en doute, j'ai comparu devant le tribunal d'El Harrach qui a rendu un jugement prononçant mon acquittement et les dépenses à la charge du trésor public. » Et notre interlocuteur d'ajouter : « Comme l'Etat allemand avait engagé des frais pour mon transfert en Algérie, je suis mis en demeure de m'acquitter de la somme de 11.199, 92 euros, alors que non seulement je n'ai aucune responsabilité dans cette affaire, mais j'ai aussi fait l'objet d'un préjudice moral du fait que ma vie a été totalement bouleversée puisque ma fille a été remise à une assistante sociale à Drisden (Allemagne). J'ai pris le risque de me rendre dans le courant du mois de février 2006 en Allemagne dans le seul but de revoir ma fille. J'ai fait l'objet d'une mesure de détention administrative pendant trois mois puis j'ai été refoulé vers l'Algérie, en plus, je devais avant toute démarche restituer à l'Etat allemand le montant des dépenses engagées pour ma première expulsion, soit 11 199,92 euros. Compte tenu que mon innocence a été prouvée, ces dépenses ne peuvent m'être imputables et de ce fait, il appartient à l'administration concernée de réclamer son dû à qui de droit, sauf à moi. Je réclame ma fille. Expulsé, coupé de mon enfant, j'éprouve une douleur analogue à l'imputation de mes membres. Que l'on me restitue ma fille ! »