Une question revient avec insistance depuis quelque temps : Bouteflika partira-t-il à la conquête d'un troisième mandat ? Ira-t-il jusqu'au bout de son vœu exprimé il y a plus d'une année de réaménager la loi fondamentale pour se succéder à lui-même ? Certains observateurs n'en doutent pas : le président Bouteflika a fait part, dès le début de son règne, de son insatisfaction de l'actuelle Constitution et de sa franche volonté de lui apporter des modifications. Une volonté qu'il a réaffirmé publiquement le 4 juillet 2006 devant l'état-major de l'Armée. Depuis son congrès réunifacteur en février 2005, le FLN, dont le président n'est autre que le chef de l'Etat, mène une campagne tambour battant pour l'amendement de la Constitution, notamment l'article 74 limitant la durée du mandat présidentiel à cinq ans, lequel mandat est renouvelable une seule fois. Si pendant des mois ils se cachaient derrière une certaine imprécision de la nature du système politique et un manque de clarté dans la répartition des pouvoirs entre le président de la République et le chef du gouvernement, les promoteurs zélés de cette révision finissent par révéler leur véritable dessein au grand jour : un troisième mandat. C'est le secrétaire général du FLN et également chef du gouvernement, Abdelaziz Belkhadem, qui l'a vivement revendiqué durant la campagne électorale pour les élections du 29 novembre dernier et au dernier jour de la visite d'Etat du président français Nicolas Sarkozy en Algérie effectuée du 3 au 5 du mois en cours. D'autres organisations et associations satellites se sont vite jointes à l'appel du FLN pour réclamer en chœur un autre mandat pour l'homme qui a, selon eux, « sauvé l'Algérie ». Depuis, les déclarations d'associations de « soutien pour un troisième mandat » n'arrêtent pas de « pleuvoir » sur les rédactions. Mais ces soutiens déclarés lui sont-ils suffisants pour passer à l'action ? Rien ne semble sûr ! La dernière sortie médiatique d'Ahmed Ouyahia, secrétaire général du RND (membre de l'Alliance présidentielle composée également du FLN et du MSP), si elle recèle une certaine ambiguïté, révèle que la question est loin d'être tranchée au sommet. Interrogé sur la position de son parti par rapport à la question du troisième mandat pour le président Bouteflika, M. Ouyahia dit : « Nous sommes en décembre 2007 et l'élection présidentielle se déroulera le premier semestre 2009. Le chemin est encore long et il y a 99 problèmes plus graves à régler. » Rappelant que la révision constitutionnelle relève des seules prérogatives du chef de l'Etat, M.Ouyahia a souligné que son parti a déjà refusé de se prononcer sur « la présidentielle » sous le motif qu'une telle décision ne pourrait être prise sans se référer à la Constitution et aux instances du parti. Mais en même temps, M. Ouyahia réitère « la satisfaction de son parti devant l'annonce faite par le président de la République le 4 juillet 2006 de présenter un projet de révision constitutionnelle ». Le patron du RND ne veut pas, selon toute vraisemblance, se prononcer, comme il l'a si bien dit, « prématurément ». Il préfère encore attendre pour mieux voir. Le MSP de son côté entretient aussi une position ambiguë sur la question. Il estime que la règle de l'alternance doit être respectée tout en réaffirmant son soutien à toute démarche venant du Président. Cela supposerait qu'il n'y a pas eu encore consensus au sein du sérail et que le troisième mandat n'est pas encore acquis pour Bouteflika. En faisant preuve de « vigilance », M.Ouyahia ne semble pas vouloir courir le risque de compromettre son « avenir politique » et ses chances de partir, un jour, à la conquête du Palais d'El Mouradia. La partie n'est-elle donc qu'à son début ?