Il vient d'accepter sa désignation à la candidature des présidentielles de 2004 par son parti le RCD. Cela fait quelques mois déjà que la question qui taraudait les Tunisiens se réduisait à savoir «ira, ira pas?» C'est-à-dire, le président Ben Ali postulera-t-il à un quatrième mandat comme le pressait de le faire son parti, le RCD (Rassemblement constitutionnel démocratique, majoritaire au Parlement) et, ce qui était moins évident, des citoyens de plus en plus nombreux, satisfaits, notamment, par le gestion clairvoyante des affaires du pays par Zine El Abidine Ben Ali. Il seyait donc à Tunis de poser la question: «Ben Ali briguera-t-il un quatrième mandat?» Depuis mercredi dernier, la chose est entendue et n'est plus un mystère. C'est une quasi-certitude: Ben Ali sera au départ des présidentielles de 2004. Lors de la réunion de son comité central, le RCD a ainsi investi officiellement le président Ben Ali comme le candidat du parti aux prochaines présidentielles. En acceptant de se soumettre aux sollicitations de son parti et de ses militants et, fait significatif, aux appels de l'opinion publique tunisienne, le président Ben Ali semble avoir admis qu'il avait encore un travail à achever à la tête de l'Etat. Cependant, sur la route de sa reconduction à la magistrature suprême, existait un obstacle constitué par l'article 39 de la loi fondamentale tunisienne, lequel ne permettait pas au président de postuler pour un quatrième mandat. Comment contourner cet impondérable? Les observateurs et analystes de la scène politique tunisienne estiment, cependant, qu'aujourd'hui les choses sont mûres pour revenir sur cet article. Celui-ci, rappelle-t-on, a été proposé par le président Ben Ali soucieux de ne pas voir se renouveler l'expérience de la présidence à vie de Habib Bourguiba. Selon les commentateurs politiques tunisiens, l'article 39 sera soit amendé, soit supprimé, et ils doutent fort qu'une bataille juridico-politique puisse avoir lieu autour de cet appendice de la Constitution tunisienne. Cet état de chose est dû essentiellement au fait que l'opposition tunisienne faible et encore trop minoritaire au Parlement n'a pas, actuellement, les moyens de s'opposer sérieusement à la réélection de Ben Ali. En 1999, lors de la campagne présidentielle pour un troisième mandat, le président Ben Ali s'est engagé à «instituer le pluralisme» des candidatures à la présidentielle «à venir». Cette reforme devra, en principe, être formalisée dans la loi fondamentale tunisienne, comme le demande d'ailleurs l'opposition qui ne désespère pas de pouvoir aligner son propre candidat pour 2004.