Le chef de file du RND a quasiment paraphrasé le chef de l'Etat qui avait déclaré, le 7 janvier dernier à Tamanrasset : “Les choses sont claires.” Le Rassemblement national démocratique (RND) a exprimé, jeudi dernier, son soutien au troisième mandat du président Bouteflika. Intervenant lors de l'installation de la commission nationale de préparation, le secrétaire général du RND, Ahmed Ouyahia, a déclaré, contre toute attente, que son parti s'engage à soutenir jusqu'au bout le processus de redressement national et la teneur, dans le fond comme dans la forme, de la Charte pour la paix et la réconciliation nationale. “Le RND s'engage à soutenir le frère Abdelaziz Bouteflika pour mener à terme son programme ambitieux. Comme nous réitérons notre soutien et notre énième appel au chef de l'Etat de procéder dans les délais à la révision de la Constitution. Le temps est opportun”, a déclaré M. Ouyahia. Et de renchérir : “Celui qui veut comprendre, c'est clair ! Et vous aurez la réponse mercredi prochain.” Du coup, le patron du RND a déclaré que son parti est partant pour un troisième mandat de l'actuel président de la République, avec le seul préalable de réviser la loi fondamentale du pays. “La présidence de la République est un projet. Le redressement national doit aboutir et c'est un engagement ferme pris par notre parti. Au RND, nous ne sommes pas des anarchistes mais des légalistes. Il faut savoir que l'Etat est aussi une pyramide et seul le préalable de la révision de la Constitution pourra consacrer un troisième mandat.” Et si M. Ouyahia semble annoncer la couleur, sur les bases de données assez précises pour se prononcer ainsi, il n'en demeure pas moins que la course à la présidence reste ouverte. “Le débat et le jeu ne sont pas pour autant fermés. Il n'y a aucun monopole à se présenter candidat”, dira-t-il non sans préciser que, dans le cas contraire, “tant pis pour les lièvres !” Partant de l'appel en juillet 2006 du chef de l'Etat à réviser la Constitution et du processus de redressement, M. Ouyahia prend à contre-pied les observateurs politiques et clame son soutien au chef de l'Etat dont le seul vœu est de briguer un troisième mandat. Il ira jusqu'à paraphraser le chef de l'Etat qui avait déclaré, le 7 janvier dernier à Tamanrasset, que “les choses sont claires” avant même que les notables du Srand-Sud ne lui remettent en main propre à l'aéroport d'Aguenar la première motion de soutien. Sur un autre plan, le patron du RND s'est ouvertement attaqué à certains commis de l'Etat et qui composent l'actuel exécutif. “L'Algérie, dira-t-il, vit un semblant d'anarchie. Pas sur le plan politique seulement. Pire, sur le plan des comportements de ceux qui sont censés représenter l'Etat. Il faut changer les mentalités, mais faudra-t-il avoir un courage politique et un sens du civisme.” Et de fustiger ceux qui entretiennent la rente : “L'Algérie ne construit pas avec un baril de pétrole à 100 dollars. La dernière fois, j'ai entendu un responsable annoncer la pérennité de la production pétrolière en Algérie. Je souhaite tout bonnement à ce responsable une longue vie de 150 ans ! Et je vous invite tous à suivre le crash financier mondial.” Pour revenir à la rencontre de jeudi dernier, le patron du RND a officiellement installé la commission nationale de préparation du troisième congrès et a ouvert les débats qui se sont déroulés, par ailleurs, à huis clos. M. Ouyahia, qui se réjouit de “la situation confortable” de son parti, a affirmé que “le RND n'est qu'à 9 points” du parti majoritaire. Révélant que son parti a enregistré, depuis sa création en février 1997, plus de 200 000 militants, M. Ouyahia a rassuré l'assistance que sa formation ira vers ce congrès en rangs soudés. En ce sens, quatre commissions ont été dégagées pour parapher les grands axes et engagements du parti, et qui feront l'objet de la substance même du prochain congrès qui se tiendra au courant du premier semestre de l'année en cours. FARID BELGACEM