Décédé samedi d'une crise cardiaque, le syndicaliste Redouane Osmane a été enterré, hier, au cimetière d'El Kettar à Bab El Oued en présence de plus de mille personnes. « Le militant infatigable des causes justes », « le syndicaliste des petites gens », « l'homme au grand cœur »... tels sont les qualificatifs que les compagnons du défunt ne cessaient de répéter sur les lieux mêmes de l'inhumation du président du CLA (Conseil des lycées d'Algérie). Redouane Osmane, 56 ans, a été terrassé par un infarctus du myocarde alors qu'il assurait son cours de français au lycée Emir Abdelkader. « Je n'oublierai jamais cet homme jovial. Il avait toujours un mot, une phrase ou un geste pour nous faire rire. » Je perds mon prof, je perds mon père », témoigne une de ses élèves. Sa camarade, les larmes aux yeux qui a tenu elle aussi à marquer sa présence devant l'entrée inférieure du vieux cimetière algérois, se souvient des derniers instants de vie de son professeur. « A 13h, lors de sa prise de fonction, il nous paraissait très fatigué, la mine pâle. Il tenait la main au niveau du cœur. Il est sorti quelques instants à la cour, ensuite il est revenu en classe. Il n'arrêtait pas de se frotter le front. Il perd connaissance, le bout de craie à la main. Ce sont les derniers instants de notre cher M. Osmane », souligne l'adolescente de 17 ans, inscrite en classe de terminale. Abdeslam, l'élève qui a tenté de sauver le défunt, faisait partie du groupe présent à El Kettar. Le jeune homme est la dernière personne qu'Osmane a fixé des yeux. Abattu, pleurant à chaudes larmes, le jeune garçon s'est montré incapable d'évoquer les dernières secondes du syndicaliste. Egalement, les professeurs du lycée Emir Abdelkader étaient au grand complet. Leurs collègues des autres lycées de la capitale, voire de lointaines localités (Béjaïa, Tizi Ouzou, Blida, Médéa, Tipaza, Boumerdès, Bouira....) n'ont pas hésité eux aussi à rendre un dernier hommage à leur confrère et ami. « Redouane, à lui seul, était un puissant syndicat. Il était dans tous les combats pour la dignité de l'enseignant, tous paliers confondus. Son engagement aux côtés des faibles restera gravé dans la mémoire de la famille de l'éducation pour la postérité. Nous n'oublierons jamais ce qu'il a fait pour nous », soulignent des enseignants du primaire venus de Bouira. « Redouane Osmane ne ménageait aucun effort pour nous aider à rejoindre nos postes après que l'académie de Bouira ait mis fin à nos fonctions il y a deux mois », ajoutent-ils. Au milieu d'une foule considérable de jeunes et moins jeunes, de Bab El Oued et d'ailleurs, de gens connus ou anonymes, on pouvait reconnaître Salhi Chawki du PST que le défunt appelait affectueusement « Khouya lekbir (mon frère aîné) », Karim Younès, ex-président de l'APN, Sidi Saïd, SG de l'UGTA, Bélaïd Abrika, Farid Cherbal, syndicaliste du CNES à l'USTHB et tant d'autres figures du mouvement syndical.