Selon toute vraisemblance, la course aux armements dans le Maghreb ne fait que commencer. Après la décision de la Libye d'acheter 14 avions Rafale français, le royaume du Maroc s'engage, pour sa part, à s'approvisionner dans le marché américain en négociant l'achat de 24 avions de chasse de type F-16. Dans un rapport soumis au Congrès, le Pentagone a fait part de la volonté marocaine d'acquérir des avions de chasse du constructeur américain Lockheed Martin, ainsi que des équipements et des services associés pour une valeur totale de 2,4 milliards de dollars. « Cette vente proposée contribuera à la politique étrangère et aux objectifs de sécurité nationale des Etats-Unis, en améliorant les capacités du Maroc à soutenir les efforts américains dans la guerre contre le terrorisme, et en soutenant les besoins légitimes du Maroc en matière d'autodéfense », souligne dans son rapport l'Agence de coopération et de sécurité de la défense du Pentagone. Des besoins d'autodéfense qui semblent être de plus en plus ressentis dans cette partie du monde, où les pays voisins entretiennent des relations de courtoisies diplomatiques, se donnant même des visées de construire un ensemble sous-régional basé sur l'étroitesse des liens culturels, historiques et géographiques. Pourquoi le Maghreb s'arme-t-il autant ? La réponse ne peut être que dans la volonté de chacun des pays de la région de se targuer d'avoir la meilleure place sur l'échiquier géostratégique au Maghreb et en Méditerranée. Devenir l'interlocuteur privilégié des puissants et pouvoir jouer de son poids sur le devenir sous-régional ainsi que le souci de prémunir ses frontières de toute velléité d'extension des territoires des uns et des autres figurent parmi les raisons de cette ruée vers l'armement. Pour éviter d'être à la traîne, l'Algérie s'est ainsi mise aussi à rénover ses équipements militaires. Contrairement au Maroc, Alger a pendant longtemps souffert d'un embargo de fait sur les armes. Un embargo qui a duré plus de 15 ans. En termes de fournisseurs, chacun des pays du Maghreb cherche à diversifier ses sources d'approvisionnement en ayant toutefois un partenaire privilégié. Pour le cas de l'Algérie, le partenaire russe a montré sa disponibilité de lui vendre autant d'armes demandées. Cela a vite fait de pousser le Maroc, aidé par un apport financier saoudien, à aller solliciter des Rafale français, puis de les échanger contre des F-16 américains, cela pour renverser le rapport de forces en sa faveur. Le Maroc, quant à lui, négocie ses achats avec les Français et les Américains et compte renforcer son équipement militaire, notamment son aviation. L'autre chercheur d'armes dans le Maghreb est la Libye. Cette dernière, qui sort d'un long embargo militaire, envisage de se créer une nouvelle génération d'équipements militaires. Disposant d'un budget militaire important, la Libye ne veut pas lésiner sur les moyens financiers pour se voir remplacer les vieux équipements russes ou français dont elle dispose. L'achat des Rafale français, dont personne n'a voulu dans le monde pour leur prix excessif, souligne cette volonté de dépenser sans compter pour arriver à se doter d'une armée moderne et pouvoir jouer le rôle de régulateur régional. Le ton est donc donné dans la région pour la course à l'armement, et par conséquent au leadership.