La modernisation de l'ANP, sous-entend le renouvellement de ses équipements, continue de faire les choux gras au Maroc. La tendance est à l'exagération depuis la signature du contrat avec la Russie qui est intervenu lors de la visite de Vladimir Poutine à Alger. Après un répit, revoilà une autre tentative de créer une polémique autour de ce matériel militaire dont la livraison a commencé. Occasion pour “Reporter”, ce journal marocain bien informé pour s'étaler sur une prétendue menace qu'engendre l'Algérie. Pire, la publication faisant dans la prophétie, avance que ces armes et appareils seront stationnés à la frontière avec le Maroc. Une sorte de déclaration de guerre qui ne dit pas son nom ! En plus des détails connus, chiffres et montants, le journal s'appuie sur des expertises anonymes pour prouver que les acquisitions algériennes sont une menace pour la région maghrébine et provoquent un déséquilibre des forces. Ce qui, selon Reporter, entraînera inévitablement une course aux armements dans les pays de la région. Accusations d'autant plus gratuites qu'elles ne tiennent pas compte des assurances des autorités algériennes quant à leur volonté de paix même si le Maroc demeure un Etat en état de guerre avec le front Polisario. Reporter prétend que l'Algérie fournit à titre gracieux son ancien matériel militaire au Front Polisario qui pourtant observe depuis des années un cessez-le-feu, alors que le Maroc continue de renforcer son arsenal y compris par un matériel espagnol déclassé destiné aux territoires sahraouis occupés. Cette acquisition à la destination prévisible a soulevé un tollé au Parlement espagnol où le Parti Populaire a ouvertement critiqué la position de soutien du gouvernement Zapatero à la logique expansionniste du Maroc. Mais en face de ce qui est qualifié d'acquisition injustifiée, inutile pour l'Algérie, l'armée royale qui se présente comme étant défensive n'a pas cessé depuis sa création à l'indépendance de s'équiper en appareils et matériel offensifs. À commencer par les Mig 15 et 17 gratuitement offerts par la l'URSS à l'indépendance jusqu'au dernier avion de combat, le Rafale français, devenu la nouvelle option de l'armée de l'air royale. En effet, parallèlement au programme de modernisation et de professionnalisation de l'ANP, qui a nécessité des investissements dans les équipements et la formation, le Maroc s'est lancé dans un vaste projet d'achat de différents équipements que Reporter énumère dans une tentative de minimiser l'ampleur, la portée sur ce même équilibre des forces dont il se fait l'argument pour “accabler” l'Algérie de tous les maux de la région du Maghreb. 1 200 véhicules de transport de blindés, des camions de transport et des vedettes. Ce contrat passé avec l'Espagne prévoit également l'achat de 800 camions et de 10 bateaux patrouilleurs. Cela ne concerne que le volet espagnol qui remonte à une année à peine. Le Maroc est sur le point d'acheter des lance-missiles russes portables. Et dire qu'il accuse l'Algérie de s'approvisionner en Russie, fournisseur traditionnel de l'ANP. Par ailleurs, le Maroc a passé commande pour le dernier missile Sagem 2ASM qui vient à peine d'entrer en service dans l'armée française pour les avions de combat français Rafale et Mirage 2000. Ce missile air-sol modulaire est guidé par GPS. Parallèlement, un vaste programme de mise à niveau des mirages des forces aériennes a été lancé avec les sociétés françaises Thalès et Sagem Defense security pour les équiper de radars RDY3, de missiles air-air et d'un système d'autoprotection et de détecteurs d'alerte. Mais la tendance risque de s'accentuer puisqu'il est envisagé de remplacer les F5 par les avions Rafale. De quoi remettre en cause les prétentions “pacifiques” du royaume qui s'apprête à engager un autre round de négociations avec le Front Polisario, signe que la guerre n'est pas finie et qu'en état de guerre, aucun Etat ne peut se prévaloir de “militer” pour la paix qu'il contribue et s'efforce lui-même à torpiller. Djilali B.