Le quotidien économique et financier britannique, Financial Times, a annoncé hier que l'Arabie Saoudite envisage de créer un méga-fonds souverain qui sera le plus important du monde. Doté de plus de 900 milliards de dollars, le fonds devrait être géré par « les fonds saoudiens des investissements généraux, qui n'est pas habilité pour l'heure à investir à l'étranger », souligne le même quotidien. Les fonds de souveraineté, au nombre de quarante actuellement dans le monde, couvrent des projets d'investissement relevant des gouvernements ou de chefs d'Etat. Ils sont détenus par de nombreux gouvernements et près de la moitié d'entre eux ont été mis en place depuis de longues années comme moyen de prévention par des pays dont l'économie est basée sur l'exportation de produits bruts, à l'instar du fonds pétrolier gouvernemental norvégien et de l'instance koweïtienne d'investissement. La décision de certains pays de mettre en place des fonds des ressources souveraines, en affectant notamment une partie des excédents monétaires de leur importante balance commerciale positive et de leurs réserves en devises (dont le Singapour, la Chine et la Russie), a ravivé les craintes que suscitent ces fonds, d'autant que ces pays ont lancé une grande campagne d'acquisition dans les pays occidentaux, en particulier des sociétés occidentales de services financiers, tirant profit notamment de la crise des subprimes et des surliquidités des fonds d'investissement. Aux Etats-Unis, les turbulences que les marchés financiers connaissent depuis quelque temps attirent de plus en plus les capitaux chinois. La Chine pense que « c'est le meilleur moment pour acquérir des actifs américains, à coûts réduits », d'autant que le marché financier américain passe par une crise sans précédent et la résistance aux fonds souverains du gouvernement américain diminue avec le besoin d'argent des organisations financières. Les actifs de ces fonds aux Etats-Unis sont évalués autour de 2500 milliards de dollars. Ils se développeraient sur la base de 1000 milliards de dollars par an, selon les estimations des experts. Certains analystes avancent que ces fonds pourraient atteindre 10 000 à 15 000 milliards de dollars d'ici 2015. Si les révélations du Financial Times se confirment, le nouveau fonds serait un sérieux rival aux autres fonds de souveraineté au Moyen-Orient et en Asie, notamment les fonds émirati, chinois, singapourien et sud-coréen. Selon le quotidien Arab News, en 2006, les recettes de l'Arabie Saoudite provenant de la vente du pétrole sont montées à 194,4 milliards de dollars. L'excédent budgétaire s'est accru de 23,6% par rapport à 2005 et s'est chiffré à 70,6 milliards de dollars. Le PIB national est évalué pour 2006 à près de 348 milliards de dollars, ce qui constitue un record. Grâce aux indices économiques élevés, les actifs étrangers du gouvernement sont évalués à plus de 225 milliards de dollars. D'après des informations fournies par la Banque centrale saoudienne, la plus grande partie des fonds investis hors des frontières du royaume le sont sous forme de dépôts dans des banques étrangères. Les actifs accumulés suffisent pour financer les importations saoudiennes pendant plusieurs années.