Par Faouzia Belkichi L'idée est neuve en Algérie, ce qui explique qu'en matière d'investissements notre pays est en retard d'une paye. Comment faire fructifier ses avoirs ? Telle est la question, qui vaudra cette année 130 milliards de $. Les analystes et les politiques reconvertis en experts financiers pour la circonstance, estiment tous que l'Algérie devrait créer un fonds d'investissements souverain au lieu de laisser place à la prudence injustifiée de la Banque centrale qui, elle, préfère la sécurité des obligations du Trésor américain. Cependant, nous devrions nous inspirer des expériences des pays du Moyen-Orient, tels que l'Arabie saoudite, les Émirats ou Qatar dans leur arrogance et leur esprit dans le domaine de la finance. Discrets par nature, les fonds souverains montent en puissance. On dénombre plus de 40 fonds d'Etat, principalement issus du Moyen-Orient et de l'Asie. Le plus souvent, ils ont été créés pour gérer les excédents budgétaires ou les réserves en devises de gouvernements. Apparus au grand jour à la suite de la récente crise financière, ces véhicules d'investissement ont renfloué divers établissements. En 2007, la fortune gérée par les fonds souverains était estimée à 2 200 milliards de dollars, contre 1 500 milliards pour les hedge funds et 1 100 milliards pour le capital-investissement, d'après le Fonds monétaire international. Entre 2007 et 2012, les avoirs gérés par ces fonds devraient être multipliés par cinq, passant de 2 200 à 12 000 milliards de dollars. Dans la région du Moyen-Orient, on fait la distinction entre différentes catégories de fonds souverains. Parmi les structures dotées d'avoirs sous gestion dépassant les 200 milliards de dollars, il y a, premièrement, les fonds les plus classiques, tels que Sama et PIF, basés en Arabie saoudite, principalement investis en obligations. Deuxièmement, les véhicules plus diversifiés tels que Adia (Abu Dhabi), qui a placé 7,5 milliards de dollars dans Citigroup l'an dernier, ou encore Kia (Koweït). Le fonds singapourien GIC s'inscrirait aussi dans ce segment. La troisième catégorie est, elle, constituée de fonds qui gèrent moins de 100 milliards et est adepte aussi d'une stratégie diversifiée. Il s'agit de Qia à Qatar, de Mubadalla, Dic et Istithmar à Abu Dhabi. Qia est connu pour avoir investi dans la Bourse de Londres et EADS notamment. Les entreprises occidentales doivent-elles craindre pour leur indépendance ? Dans la plupart des cas, les fonds souverains adoptent une attitude passive. Ils ne cherchent pas à influencer la direction des entreprises dans lesquels ils investissent. Ils réclament encore moins souvent une place au conseil d'administration. Des exceptions existent : certains fonds basés à Dubaï, tels que Dic ou Istithmar, ont une attitude plus active, proche des sociétés de private equity occidentales qui utilisent les effets de levier des banques. A l'inverse, certains fonds basés à Abu Dhabi, tels que Adia, le plus grand d'entre eux, conservent une approche très traditionnelle et ne recourent que rarement aux effets de levier. Pourquoi les fonds souverains s'intéressent-ils autant au secteur financier? C'est un domaine qu'ils connaissent bien et dont ils comprennent le modèle d'affaires. Ce n'est pas le cas d'autres branches économiques, dont ils saisissent moins bien la logique.