Le marché du médicament pourrait connaître de sérieuses perturbations dans les prochains mois. Le système de quotas imposé par le ministère de la Santé sur les programmes d'importation risque d'être préjudiciable à la disponibilité des médicaments. La mesure pénalisera le malade en premier. La nouvelle mesure réglementaire et non notifiée a surpris plus d'un dans la corporation des professionnels du médicament. Les programmes d'importation déposés il y a quelques mois pour les prévisions de l'année 2008 et en attente de signature sont soumis désormais à une nouvelle « réglementation ». Les opérateurs en pharmacie sont priés de retirer leurs programmes prévisionnels et doivent revoir leurs copies en réduisant les quantités et les valeurs déjà prévues pour que la direction de la pharmacie valide ce programme. Au moment où le marché a connu une ouverture sans aucune protection, un système de quotas vient d'être instauré. Les quantités de médicaments importées seront désormais réduites de 50 à 30% de ce qui a été réalisé l'année dernière. Le contrôle de la quantité n'est pourtant pas une des prérogatives de la direction de la pharmacie qui doit se limiter à délivrer un visa technique, c'est-à-dire s'assurer de l'enregistrement et du prix du médicament. Le service qui vient d'élaborer cette nouvelle exigence, à savoir la direction de la régulation, a procédé sur aucune base légale. La direction de la pharmacie s'est contentée d'informer les opérateurs par l'intermédiaire des pharmaciens chargés de déposer et de retirer les programmes. « Les pharmaciens chargés de déposer et de retirer les programmes ont été informés de cette nouvelle mesure mais sans leur donner d'autres détails. Personne ne sait comment cette décision a été prise et pourquoi. Est-ce que des avenants seront-ils accordés ? Pour qui seront-ils signés ? Telles sont les interrogations des opérateurs en pharmacie. « La rupture de beaucoup de produits est à craindre dans les prochains mois », nous dit-on tout en signalant que les dispositions du cahier des charges sont pourtant claires. L'article 20 de l'arrêté du 6 juin 2005 fixant le cahier des conditions techniques à l'importation des produits pharmaceutiques destinés à la médecine humaine prévoit la délivrance d'un visa technique pour les programmes d'importation. L'article 21 exige, par contre, des opérateurs d'assurer un stock de produits pour une durée de trois mois. Ce qui ne sera plus possible si les opérateurs doivent réduire leur programme de 50% de ce qui a été déjà réalisé. Raréfaction de certains produits D'autres répercussions sont aussi à craindre. La politique du tarif de référence instauré par la sécurité sociale pour certains produits est compromise d'avance, d'autant qu'une nouvelle liste sera incessamment rendue publique. Les produits soumis à ce tarif, censés être les plus consommés, se feront rares. Selon certains observateurs, cette nouvelle obligation faite aux importateurs vise à réduire la facture à l'importation des médicaments. « Une action juste mais qui pouvait être faite autrement », commente-t-on. Limiter l'importation des médicaments fabriqués localement serait une des options à retenir, propose-t-on. Par ailleurs, les opérateurs adhérents à l'Union nationale des opérateurs en pharmacie (UNOP) se réuniront jeudi prochain en assemblée générale extraordinaire afin de décider des suites à donner à cette nouvelle situation. Maintenir les programmes ou les retirer pour porter les modifications exigées sera l'ordre du jour de cette réunion. Du côté de la direction de la pharmacie que nous avons tenté de joindre, c'est le silence radio. La secrétaire de la direction de la régulation que nous avons jointe par téléphone nous a informés que la directrice, Mme Kacimi, était en séance de travail et nous a invités à prendre contact avec la direction de la communication du ministère.