La visite de deux jours de Nicolas Sarkozy en Algérie a été marquée par une volonté d'apaisement. M.Nicolas Sarkozy, ministre d'Etat, ministre de l'Intérieur et de l'Aménagement du territoire français, a achevé, hier, sa visite de travail de deux jours en Algérie sur invitation de son homologue algérien, M.Yazid Zerhouni. Au deuxième jour de son séjour dans la capitale algérienne, le futur candidat au scrutin présidentiel de l'Hexagone, a été reçu, durant plusieurs heures, par le président de la République, Abdelaziz Bouteflika, au siège de la présidence, à El Mouradia. L'audience s'est déroulée en présence de MM.Noureddine Yazid Zerhouni, ministre d'Etat, ministre de l'Intérieur et des Collectivités locales, Abdellatif Rahal, conseiller diplomatique du président de la République et Dahou Ould Kablia, ministre délégué chargé des Collectivités locales. A l'issue de l'audience, le président de la République, M.Abdelaziz Bouteflika, a déclaré que l'Algérie et la France sont «condamnées à avoir un avenir commun». Ce qui rejoint à plus d'un titre le voeu du ministre d'Etat français qui a insisté durant sa visite sur le caractère amical qui caractérise les relations algéro-françaises. Rappelant, à plusieurs reprises, qu'il est venu en ami, Nicolas Sarkozy a tout fait pour éviter que soit soulevée la controverse induite de la loi du 23 février 2005 qui a positivé le colonialisme français et des tensions qui ont secoué les relations entre les deux pays et qui ont mené au blocage de la signature du traité d'amitié entre les deux pays, initiative pour laquelle le président Jacques Chirac a milité de toutes ses forces. La nouvelle vision présentée par l'émissaire de l'Elysée relègue au second plan l'aspect protocolaire de ce projet politique qui pense que «l'amitié ne se décrète pas». Néanmoins, cette question n'est pas totalement évacuée puisque le président Abdelaziz Bouteflika a indiqué, à l'issue de son entrevue avec le ministre français que «rien n'est impossible dans la vie». Il apparaît ainsi que cette visite se veut être une initiative de remise à niveau des relations entre les deux pays d'où se dégage une forte volonté «d'apaisement». Au sujet du passé colonial de la France en Algérie, le président de la République a déclaré ne pas vouloir «parler de ce problème aujourd'hui» parce que, a-t-il dit, «j'ai une opinion et je ne voudrais pas qu'elle puisse engager mon ami Nicolas Sarkozy». Une manière toute diplomatique de signifier que cette question concerne, en premier lieu, les chefs d'Etat des deux pays. Très tôt dans la matinée, à 7h, Nicolas Sarkozy s'était rendu en compagnie de M.Dahou Ould Kablia, à bord d'un hélicoptère, au monastère de Notre-Dame de l'Atlas à Tibhirine (wilaya de Médéa), à 90 kilomètres d'Alger, pour se recueillir à la mémoire des sept moines trappistes enlevés le 27 mars 1996 par des terroristes et exécutés deux mois après. L'archevêque d'Alger, Mgr Henri Teissier, a assisté à la cérémonie durant laquelle l'hôte de l'Algérie a indiqué que «les sept moines trappistes n'étaient que des hommes de paix qui ne demandaient que de respecter leurs frères, musulmans, et vivre en paix». Cette visite, marquée du sceau de l'émotion, vient compléter son périple marathon entamé la veille et qui l'a mené successivement, au Sanctuaire des martyrs de la révolution algérienne, «qui relate beaucoup de souffrances» comme il a tenu à le souligner. Geste qu'il a, d'ailleurs, qualifié de signe «d'amitié» et de «respect» et de «fraternité» envers l'Algérie, relayé ensuite par sa présence au cimetière chrétien de Saint Eugène, puis au cimetière juif mitoyen, et de clore sa tournée par un passage à la basilique Notre-Dame d'Afrique qui surplombe le cimetière chrétien, avant de rencontrer son homologue Yazid Zerhouni et le chef du gouvernement algérien, Abdelaziz Belkhadem au siège du ministère de l'Intérieur. Un compte rendu du protocole d'accord entre les deux pays a été rendu public à l'issue des entretiens avec les deux officiels algériens, annonçant notamment, l'allégement de la procédure d'octroi du visa et l'accentuation des échanges en matière de sécurité et de lutte contre toute forme de criminalité.