Le 12e sommet du comité de mise en œuvre du Nepad, qui se tiendra demain à Alger, sera l'occasion pour les chefs d'Etat et de gouvernement des pays africains engagés dans le Nouveau Partenariat pour le développement de l'Afrique (Nepad) de faire un bilan de l'expérience enregistrée par le mécanisme d'évaluation par les pairs depuis l'adoption de la déclaration de bonne gouvernance politique, économique et d'entreprise signée à Durban en 2002 par les pays ayant souscrit à ce pacte. Il s'agira pour les Etats parties prenantes dans le mécanisme d'évaluation par les pairs, présentement au nombre de 24 Etats, de faire un état des lieux de l'avancée ou du retard - c'est selon - accusée par les pays engagés dans l'aventure du Nepad dans la mise en œuvre de la feuille de route de ce regroupement. Ce mécanisme, qui s'apparente à une espèce d'examen de passage pour les Etats membres du Nepad, a été conçu et mis en place pour permettre aux gouvernants africains d'avoir un regard introspectif et critique sur la conduite des affaires de leurs pays respectifs. Cela en s'insérant dans des modèles de développement nouveaux et novateurs qui font de la participation effective des différents acteurs nationaux et du développement durable les éléments moteurs du nouveau partenariat pour le développement de l'Afrique. Pour l'heure, les pays africains sont loin de se bousculer au portillon pour entrer dans cette structure et accepter de ce fait de se faire noter par leurs pairs sur les efforts fournis ou qui restent à faire pour mériter le statut de partenaire éligible aux projets de développement multisectoriels retenus dans le cadre du Nepad. Seuls donc 24 pays sur les 53 pays membres de l'Union africaine ont pour le moment consenti à intégrer le mécanisme d'évaluation par les pairs. L'Algérie compte parmi les premiers pays à avoir rejoint cette structure d'audit confortée par sa position de co-animateur du Nepad aux côtés des quatre autres pays africains promoteurs du Nepad, l'Afrique du Sud, le Nigeria, le Sénégal et l'Egypte mais aussi et surtout par son expérience dans le domaine de la démocratisation de son système politique avec ses hauts et ses bas. L'examen de passage devant cette structure d'évaluation africaine pour notre pays est programmé pour 2005. Beaucoup de pays africains où les droits de l'homme les plus élémentaires, comme le droit à la vie face aux conflits armés autour des luttes pour le pouvoir et pour le contrôle des richesses, ne sont pas respectés rechignent à entrer dans ce regroupement où il leur est exigé un certificat d'honorabilité en termes de bonne gouvernance aux plans politique, économique et d'entreprise. Les partenaires traditionnels de l'Afrique ne pouvaient qu'être séduits par cette formule de « revue par les pairs » qui leur épargne un exercice politiquement coûteux et très mal vu par les Etats africains, consistant à juger de la respectabilité et de la crédibilité des gouvernants en place. Les Etats africains ont souvent dénoncé le paternalisme de leurs bailleurs de fonds et le droit d'ingérence qu'ils se sont octroyés dans la gestion des affaires intérieures de nombre de pays africains fragilisés par leur état de dépendance et de sous-développement. Ce travail d'expertise et d'évaluation sera désormais le fait des gouvernants africains sous la supervision, bien évidemment, de leurs partenaires étrangers. La non-implication directe de ces derniers dans la gestion des affaires intérieures de l'Afrique ne signifie pas pour autant désengagement total. Les partenaires étrangers de l'Afrique, que ce soient les pays membres du G8 qui sont les plus engagés dans le Nepad ou les pays de l'Union européenne, tiennent à ce que l'aide au développement allouée à l'Afrique dans le cadre du Nepad soit utilisée à bon escient. Cette aide, en augmentation en volume, demeure encore en deçà des besoins réels exprimés qui se chiffrent à environ 60 milliards de dollars. Le challenge qui attend les pays africains pour opérer les changements structurels et systémiques est à la mesure de l'immense retard qu'accuse le continent en matière de rationalisation de ses outils de gestion et de démocratisation de ses systèmes politique, économique et social, seuls gages du développement durable du continent. Le tout est de savoir quel contenu les dirigeants africains vont donner aux principes de bonne gouvernance, entendue dans son acception la plus large, pour mériter la confiance et le label démocratique et de partenaires respectables de la part des pays étrangers engagés dans l'entreprise du Nepad ? La référence sera-t-elle les standards internationaux connus et reconnus ou bien concédera-t-on aux Etats africains, dont la plupart partent de zéro, quelques concessions et spécificités compte tenu de leur état de délabrement aux plans politique, institutionnel, économique et sociétal ?