Le débat qu'il faut ouvrir aujourd'hui ne devrait pas être autour du mandat présidentiel, mais sur la réforme du régime. Tel est l'appel lancé par l'ex-secrétaire général du FLN, Abdelhamid Mehri, dans une déclaration rendue publique ce week-end. « Il faut une réforme consensuelle du régime qui a pris les commandes du pays depuis l'indépendance et qui a montré ses limites. Le débat devra être centré autour de cette question si l'on veut éviter au pays une impuissance à résoudre ses problèmes », nous a affirmé hier Abdelhamid Mehri, qui dit être prêt à apporter sa contribution, une fois que ce débat sera ouvert. « C'est une priorité », insiste-t-il. Le signataire en septembre 2007, avec deux autres personnalités politiques nationales, Hocine Aït Ahmed et Mouloud Hamrouche, d'une initiative pour le changement démocratique, se dit encore convaincu que le prolongement du mandat du président sera d'un nul effet s'il n'est pas accompagné d'un changement radical du système du pouvoir. « Ma conviction est que la prolongation du mandat du président sans changement radical du système de pouvoir conduit le pays, au minimum, à une impuissance plus marquée à résoudre ses problèmes et à faire face aux grands défis qui l'attendent à l'intérieur et à l'extérieur. De même que l'intronisation d'un nouveau président, quelles que soient ses qualités, sans changement radical du système, conduira aux mêmes résultats », note M. Mehri dans sa déclaration. Selon lui, le problème central qui devra capter l'intérêt de tous est celui de la mise en place « d'un système de gouvernement qui donne à tous les Algériens la possibilité d'apporter leur contribution à la solution des problèmes ». Critiquant la manière avec laquelle sont actionnées actuellement toutes les organisations pour appeler à un troisième mandat, M. Mehri montre le fond du problème. Une manière qui, ajoute-t-il, ne divorce pas avec les méthodes antérieures ayant qu'un seul objectif : occulter le vrai débat et perpétuer la situation actuelle. « De nombreuses voix commencent à s'élever aujourd'hui, par conviction ou par conformisme, avec les mêmes méthodes et les mêmes approches politiques antérieures, pour appeler le président de la République à se porter candidat pour un troisième mandat. Comme si l'Algérie n'avait besoin aujourd'hui de rien d'autre que de perpétuer la situation actuelle que tout un chacun connaît », souligne-t-il. Ce débat est, enchaîne-t-il, détourné depuis l'indépendance et que « l'Algérie a été pensée en tant que présidence centrée sur la personne pour éviter de la penser en termes d'Etat ». Devant l'emprise « des voix de l'opportunisme », conclut-il, le constat est toujours le même : absence de tout débat sérieux sur l'évaluation du système de pouvoir, de ses institutions, des programmes et des politiques suivies durant l'étape précédente dans la gestion du pays.