Tamanrasset, la capitale du grand Sud, ne connaît aucune ambiance particulière à l'occasion de la visite, dès aujourd'hui, du président Bouteflika. Tamanrasset. De notre envoyé spécial Hormis quelques banderoles et des portraits géants à l'effigie du président Bouteflika, tout sombre dans la routine quotidienne. On ne voit pas les scènes festives et folkloriques auxquelles on a l'habitude d'assister lors de pareilles visites dans les wilayas du Nord. Cette nonchalance et ce calme, somme toute habituels dans les villes du Sud, peuvent être différemment interprétés. Mais de l'avis de quelques citoyens de Tam, rencontrés dans la ville, « Bouteflika est le bienvenu ». L'accueil chaleureux est une valeur intarissable des gens du Sud, des hommes bleus en particulier. « Après avoir servi la Révolution au Mali, je crois qu'il ne pourrait qu'être le bienvenu ici à Tam », lâche en toute spontanéité et innocence une jeune dame qui tient une boutique d'habillement pour femme non loin du siège de la wilaya, au centre-ville de la capitale de l'Ahaggar. La population locale est au courant de l'arrivée du chef de l'Etat aujourd'hui dans leur ville. Elle sait qu'il est à sa troisième visite dans la région. « Certes, il y a des manquements, mais j'avoue que les choses ont évolué ici depuis qu'il est Président », balance un jeune de 25 ans qui dit être employé comme chauffeur dans une société privée. Pour étayer ses propos, ce jeune se met à énumérer quelques « bonnes réalisations » du Président, comme il les qualifie. Sa grande satisfaction, il la tire du bitumage des routes qui « étaient avant son arrivée des pistes presque impraticables ». D'autres citoyens n'hésitent pas à exprimer leur mécontentement quant à leurs conditions de vie rendues plus difficiles par l'envolée des prix des produits alimentaires, sans pour autant culpabiliser ou en vouloir au premier responsable du pays. Pour Abdelkrim, un quinquagénaire, « le Président veut améliorer les choses mais il reste mal entouré ». Pour le mouhafedh du FLN, Mahmoud Gamama, le chef de l'Etat doit « impérativement » briguer un troisième mandat. « Nous sommes là pour lui demander de rester », affirme-t-il, sourire à la bouche. « Il a satisfait l'ensemble de nos revendications, à savoir l'alimentation en eau potable, le bitumage des routes, la création d'un centre universitaire et l'exploration des ressources naturelles du Hoggar », souligne-t-il, tout content. Il estime que si Bouteflika reste au pouvoir « jusqu'à au moins 2014 », Tam se développera davantage. En évoquant l'étendue de la wilaya, plus grande que la France, M. Gamama espère également que Bouteflika permettra à In Salah de devenir une wilaya ainsi qu'In Guezam (située à 500 km plus au sud de Tam). Le besoin le plus pressant est, selon lui, la construction d'un centre hospitalo-universitaire à Tam. « Nos malades sont contraints d'aller vers le nord du pays pour subir des interventions chirurgicales. On a un hôpital, mais petit ; il ne traite pas toutes les maladies. Et il est difficile et coûteux d'aller se soigner au Nord. Le transport pose souvent d'énormes problèmes », relève-t-il. M. Gamama dit avoir préparé une « motion de soutien pour un troisième mandat » qu'il compte lire aujourd'hui, si l'occasion lui sera offerte. En visite de deux jours à Tam, le président Bouteflika devrait poser la première pierre pour la réalisation de plusieurs projets dont celui du transfert de l'eau d'In Salah vers le chef-lieu de wilaya. Comme il inaugurera les nouveaux sièges du tribunal et de la daïra d'In Salah ainsi qu'une centrale électrique, un centre culturel, un bureau de poste, un château d'eau et la nouvelle aérogare d'In Salah. Il lancera également plusieurs projets dans la commune de Tamanrasset dont la réalisation de 1000 logements sociaux, un centre de loisirs scientifiques, un lycée de 800 places et un dalot multicellulaire sur oued Tahaggart. La visite de Bouteflika intervient dans une conjoncture marquée essentiellement par la montée au créneau des partisans d'un troisième mandat présidentiel. Mais aussi le déplacement du Président au sud du pays intervient dans un contexte régional particulier : la montée des tensions au Sahel, notamment la rébellion des Touareg du Tchad et du Niger et la présence renforcée du GSPC au Sud et dans certains pays voisins comme la Mauritanie posent un sérieux problème d'insécurité et d'instabilité de cette grande partie désertique de l'Algérie.