It's a free world (C'est un monde libre) est le titre du dernier film de Ken Loach sur les ravages de la société de consommation. Le réalisateur britannique, âgé aujourd'hui de 71 ans, dénonce « les torts provoqués par le libéralisme sauvage qu'il assimile à de l'esclavagisme moderne ». Paris. De notre bureau Lauréat de la Palme d'or en 2006 pour son film Le vent se lève, Ken Loach pourfend, cette fois ci, dans un long métrage d'une heure trente, « Le libéralisme britannique, ses excès, son exploitation sans limites des immigrés et ses relents esclavagistes modernes, résultats des mutations socio-économiques du monde ». Diffusé dans les salles parisiennes et londoniennes, It's a free world parle de l'histoire d'une femme (Kierston Wareing) licenciée et qui décide avec sa copine et colocataire (Juliet Ellis) de monter une boite d'intérim pour aider les chômeurs à retrouver un emploi. Mais voila que derrière cet objectif noble au demeurant, se cache une envie d'exploitation des autres. Sans aucun état d'âme, Kierston Wareing se met donc à recruter des immigrés Polonais et Roumains auxquels elle leur fait faire tout avec un salaire dérisoire, sans couverture sociale ni aucune autre protection professionnelle. A travers cette image destructrice de l'homme, Ken Loach a voulu montrer comment la période du Thatchérisme a été fatale pour la Grande Bretagne. Un pays qui a perdu, selon lui, tous ses repères et ses avantages sociaux existant avant l'arrivée de la droite dure au pouvoir et qui est devenu le chantre de la notion du bénéfice, de l'exploitation et du profit à n'importe quel prix. Ken Loach n'en est pas à son premier coup de gueule. Déjà en 1997, il a réalisé un film du même acabit sur la situation des dockers de Liverpool. Cinéaste engagé politiquement A cette époque déjà, le réalisateur a dénoncé les licenciements massifs et abusifs de centaines de travailleurs du port de Liverpool et leur remplacement par des ouvriers intérimaires et sans aucune protection sociale ni visibilité professionnelle. Ce spectacle de dérive sociale s'est déroulé sous l'œil passif et inhumain du New Labour et des Tories (Parti de droite) qui n'ont rien fait pour mettre fin à la saignée sociale des travailleurs de l'un des plus grands ports du monde. Pour réaliser son dernier film et lui donner une véritable consistance politique, Ken Loach s'est rendu dans de nombreuses contrées britanniques à la rencontre d'ouvriers polonais, kosovars et roumains pour voir comment ils vivent réellement. Mais ce n'est pas la première fois que Ken Loach, cinéaste engagé politiquement et défenseur des droits de l'homme, effectue ce genre de travail. Très jeune déjà, dans les années soixante, il s'intéressait « à la façon dont tournait le monde », influencé sans doute, par le militantisme et l'engagement politique de certains cinéastes qu'il fréquentait à cette époque. Né dans une famille modeste, Ken Loach s'est opposé à la guerre contre l'Irak et soutient un petit parti politique anglais Respect qui dispose d'un seul élu au parlement. Mais peu importe le nombre de représentants, l'essentiel pour ce grand réalisateur est de rester fidèle à son image de contestataire et d'empêcheur de tourner rond.