Les pays en développement ont enregistré le meilleur taux de croissance depuis les trois dernières décennies. C'est ce que rapporte la Banque mondiale (BM) dans sa dernière publication intitulée Perspectives économiques mondiales 2005. L'année 2004, note la publication, est « probablement la meilleure année de croissance dans les pays en développement depuis 1974 ». La croissance est estimée à 6,1% en raison d'un « redressement cyclique spectaculaire par rapport au ralentissement observé en 2001-02 et d'une bonne performance dans l'ensemble des régions ». Forte de 4%, la croissance mondiale en 2004 devrait, en revanche, indique la publication, accuser « une tendance baissière pour s'établir à 3,2% en 2005 et 2006 ». Une tendance qui s'appliquera aussi aux pays en développement qui connaîtront « un ralentissement de la croissance, de 6,1% en 2004 à 5,4% en 2005 et 5,1% en 2006 ». Selon les prévisions de la Banque mondiale, à moyen et long terme, les pays en développement pourraient enregistrer un taux de croissance « correspondant au double de celui des années 1990, au fur et à mesure que leurs investissements dans les réformes structurelles commenceront à engranger des dividendes ». Le maintien constant de la stabilité macroéconomique, une plus grande flexibilité dans le transfert des ressources en des opportunités concurrentielles, l'amélioration du climat des investissements et l'assouplissement des barrières commerciales, conjugués à la réalisation de progrès continus dans les pays en transition, devraient, indique la banque, « permettre aux pays en développement d'atteindre en moyenne un taux de croissance annuel par habitant de 3,4% entre 2006 et 2015, partant de moins de 2% dans les années 1990 ». Bien que sujet à des risques mondiaux et des risques-pays, ce taux de croissance aidera, d'après la BM, « toutes les régions, à l'exception de l'Afrique subsaharienne, à réduire la pauvreté de moitié d'ici à 2015, le premier des huit objectifs de développement pour le millénaire ». Le rapport relève que certains pays, notamment en Afrique, n'ont pas participé à cette augmentation de la croissance. Au Moyen-Orient et en Afrique du Nord (MOAN), le PIB a progressé, d'après l'institution de Bretton Woods, de 4,7% en 2004, en repli par rapport au quasi-record de 5,7% de hausse de 2003. La croissance du PIB chez les exportateurs de pétrole a baissé de 6,6% en 2003 à 5% en 2004, taux qui reste toujours élevé. La solidité des revenus pétroliers a entraîné, souligne la publication de la BM, un excédent de la balance générale des comptes courants de la région de 92 milliards de dollars, soit 14,4% du PIB. Les importateurs de pétrole du MOAN, malgré les effets négatifs d'une hausse du coût des importations, ont également bénéficié indirectement de la hausse des prix pétroliers ; leur PIB devrait progresser de 4,2% en 2004. Le conflit irakien a « influencé », indique la banque, l'activité économique de la région. Le sentiment de risque accru a diminué le flux des investissements financiers directs et a entravé les projets d'investissements régionaux, tandis que des soucis sécuritaires croissants dans le monde développé renchérissaient les coûts de transport pour les exportations régionales. L'excédent de la balance des comptes courants du MOAN devrait baisser, fait savoir la BM, de 120 milliards de dollars en 2004 à 100 milliards en 2005, avant de chuter plus fortement à 60 milliards, ou 6,5% du PIB en 2006. A plus long terme, « un retour à des prix pétroliers plus bas et le besoin d'améliorer les réformes à travers la région constitueront autant de défis considérables à relever », conclut la publication de la BM.