La crise sociale est à son apogée. Les raisons de la colère ne sont pas rares car le marasme est généralisé et trouve matière à conjugaison dans tous les espaces de la vie sociale. Le bâton demeure malheureusement la seule réponse des autorités lorsque la grogne se fait jour. La cherté de la vie qui fait face à une crise de l'emploi, une mixture pourtant bien explosive qui peut éclater à n'importe quelle ouverture de « feu ». L'exemple vient encore cette fois de Annaba où de jeunes chômeurs se sont regroupés devant le grand complexe sidérurgique Arcelor-Mittal pour réclamer de l'embauche. Bloquant l'accès principal du complexe, les jeunes protestataires se sont retrouvés nez à nez avec la force des services de sécurité. La grogne s'est vite transformée en émeute en se soldant par l'arrestation de plusieurs jeunes chômeurs qui étaient venus mettre la direction d'Arcelor-Mittal devant ses promesses de recrutement. Il ne s'agit pourtant pas de la première manifestation de colère de ce genre cette semaine. Le silence a été rompu la veille aussi à Djelfa où des jeunes gens sont sortis clamer une justice sociale perdue et en promettant de revenir avec force lors de la prochaine protesta. Dans un rassemblement tenu devant l'établissement de transport urbain de Djelfa, ces jeunes protestataires ont crié leur colère contre la hogra, encore elle, qui les empêche d'avoir un emploi, un revenu et donc une vie dans la dignité. « Non à la corruption, au népotisme et au favoritisme », lançaient-ils à la face des responsables de cet établissement entourés de gendarmes et de policiers. Outre le problème du chômage, l'ire populaire s'est aussi exprimée dans le quartier de la capitale, Beni Messous, où les habitants d'un bidonville ont menacé de tout faire sauter si leurs habitations de fortune sont démolies. Un jeune a même failli s'immoler pour défendre son toit de la menace des bulldozers. La rage est à son comble sur le front social et rien ne semble venir pour la contenir. En début de semaine et à Hassi Bounif, à Oran, un mouvement de protestation avait éclaté pour dénoncer une coupure de courant qui aura duré plus de quatre jours. Des édifices publics, comme le groupement de gendarmerie, le siège de l'APC, le bureau de poste, la structure sanitaire et même la bibliothèque communale, n'ont pas été épargnés par l'explosion de la colère des jeunes. Le front social, de l'ébullition à l'explosion.